Tripartite de jeudi : l’UGTA va-t-elle s’opposer au code du travail ?

L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sortira-t-elle de sa longue torpeur pour faire barrage énergiquement au projet de loi relatif au code du travail qualifié de «régressif» par sa base syndicale et son encadrement fédéral ? Sa participation à la tripartite de jeudi, à travers une forte délégation qui sera conduite par le secrétaire général Abdelmadjid Sidi-Saïd, est très attendue par des milliers d’adhérents, mais aussi par des millions de travailleurs qui rejettent fondamentalement l’essentiel des dispositions contenues dans le nouveau code du travail qui sera bientôt sur le bureau de l’APN. Pour de nombreux syndicalistes, il y va de la crédibilité de l’UGTA. «Soit on défend les travailleurs, soit on est du côté des employeurs. Et dans ce cas-là, il faudra tout simplement adhérer à l’une des organisations patronales», commente un syndicaliste qui appelle la Centrale syndicale, et à sa tête Abdelmadjid Sidi-Saïd, à adopter une position ferme par rapport à cette «supercherie» qui remet en cause «les acquis des travailleurs» et vise à précariser l’emploi à travers, notamment, la généralisation des CDD. Ce texte, selon lui, «entre dans le cadre des nombreuses concessions du régime actuel aux grandes puissances mondiales et à leurs organisations planétaires telles que l’OMC, la Banque mondiale et le FMI». Le projet de loi relatif au code du travail a été vivement critiqué par l’ensemble des fédérations affiliées à l’UGTA, lesquelles dénonçaient un texte «répressif et régressif». Le patron de la Centrale syndicale, qui observe une trêve sociale depuis une décennie au nom de la stabilité socioéconomique et surtout politique, va-t-il enfin élever sa voix pour qu’elle soit entendue au haut sommet de l’Etat et faire «tomber» ce texte «de la honte» ? Pas sûr, tant Abdelmadjid Sidi-Saïd n’est plus dans la confrontation, mais plutôt dans le «compromis» avec le gouvernement. Depuis la fameuse et spectaculaire grève générale de 2003, l’UGTA ne sert que d’escabeau pour monter les marches du pouvoir en œuvrant à étouffer la colère des travailleurs et contenir la fronde sociale. Cette même organisation syndicale qui a vaillamment fait face au terrorisme s’est transformée en un simple faire-valoir du gouvernement pour justifier et surtout légitimer toutes ses politiques qui mettent en péril les droits des travailleurs. Sa base en est consciente et des mécontentements commencent à s’exprimer fortement et ouvertement. C’est le cas des initiateurs du comité pour la sauvegarde de l’UGTA qui ont rendu public récemment un mémorandum dans lequel ils appelaient à la refonte profonde et radicale de cette organisation syndicale historique. Le code du travail semble être une belle occasion pour Sidi-Saïd et ses «camarades» pour redorer leur blason et regagner en légitimité et crédibilité. Car les écarts et les incohérences relevés par ses propres cadres sont tels qu’il est difficile de rester les bras croisés et laisser passer ce projet de loi telle une lettre à la poste.
Rafik Meddour
 

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