Le réveil brutal
Par Kamel Moulfi – Certes, un peu tard, mais il est toujours temps pour se ressaisir, dit-on, les dirigeants des pays occidentaux semblent avoir pris la mesure du danger que représentent, pour leurs populations, les groupes terroristes qu’ils ont cru pouvoir manipuler dans le sens de leurs intérêts géopolitiques et économiques. Il aura fallu la décapitation de quatre de leurs ressortissants en l’espace de quelques jours pour que ces dirigeants, dans un réveil brutal, comprennent le risque que comporte leur comportement à double face consistant à aider concrètement les groupes terroristes tout en feignant de les combattre… par le discours, comme on l’a vu dans le cas de la Syrie dont le chef de l’Etat, Bachar Al-Assad, n’a pas cessé de les mettre en garde contre cette démarche irresponsable. C’est à croire que tant que les personnes décapitées étaient d’une nationalité «non occidentale», par exemple algérienne, et il y en a eu malheureusement durant la décennie sanglante qu’a vécue notre pays, ce n’était pas du terrorisme, mais une résistance, comme en Syrie, d’ailleurs. Pour être qualifiés de «terroristes» par les dirigeants occidentaux, le critère semble être que les groupes criminels s’en prennent à leurs ressortissants et les décapitent. Tant qu’ils n’avaient pas passé ce cap dans l’horreur, les groupes terroristes bénéficiaient au contraire de la compréhension, de la complaisance, de la solidarité, comme cela a été pratiqué durant la décennie sanglante en Algérie, et, dernièrement, dans le cas de la Syrie, de l’aide directe à travers les filières de recrutement de «djihadistes», l’armement, l’entraînement, le financement… Depuis peu, les dirigeants occidentaux se sont mis, dans la précipitation, à couper les vannes aux terroristes. Fait surprenant : le Conseil de sécurité a même voté une résolution sur la lutte contre les mercenaires qui ont rejoint les groupes armés en Syrie ou cherchent encore à le faire. Les pays occidentaux devront donner plus de preuves de sincérité pour lever les doutes qui pèsent sur leur volonté réelle de combattre le terrorisme et leurs vraies intentions dans ce cadre.
K. M.
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