La revanche des «Janviéristes»*
Un peu plus de 22 ans après leur décision de suspendre le processus électoral, l’Histoire a amplement donné raison et conforté la position judicieuse des généraux algériens, péjorativement appelés «Janviéristes» par Bouteflika et son clan de prédateurs cupides et obstinés. En effet, cette décision courageuse contre un processus électoral dépravé, édulcoré et suicidaire, qui allait livrer l’Algérie pieds et poings liés aux islamistes en leur donnant la majorité des sièges à l’Assemblée populaire nationale grâce aux suffrages exprimés des électeurs algériens, dont plus de la moitié s'est abstenue de voter, a été décriée, dénoncée et combattue par les uns et les autres, en Algérie et à l’étranger, et ses auteurs voués aux gémonies et même menacés de comparution devant le Tribunal pénal international. Depuis avril 1999, ces vaillants généraux sont devenus la cible privilégiée de Bouteflika et de ses alliés islamistes et réconciliateurs de la 25e heure du FLN, du RND et du MSP notamment. Même Ahmed Ouyahia, «l’éradicateur» sous Zeroual, a tourné sa chéchia et est devenu un fervent réconciliateur, pour plaire à son nouveau chef, qui a osé dire : «Moi aussi, si j’avais 20 ans en 1992, j’aurais rejoint les maquis, car la décision d’interrompre le processus électoral était la première des violences (ou la mère de toutes les violences)», alors que lorsqu’il avait 20 ans en 1957, il végétait dans les délices d’Oujda et «il n’avait pas tiré une seule balle contre l’armée française» dixit le colonel Youcef Khatib. Ainsi, au prix de leur honneur et de leur dignité de militaires républicains, maintes fois bafoués après avril 1999 par les sbires de Bouteflika, qui ont détruit l’Algérie avec leur gouvernance chaotique et les fléaux sociaux dont ils ont favorisé la croissance exponentielle, les «Janvieristes» ont administré au monde la preuve, par le 11 septembre 2001, Kaboul, Madrid, Londres et aujourd’hui l’Irak, la Syrie et le Yémen, qu’ils avaient raison, qu’ils avaient vu juste. Ils avaient ainsi épargné à l’Algérie une tragédie beaucoup plus sanglante que celle qu’elle a connue dans les années 1990. Par ailleurs, le capital expérience que notre armée et nos services de sécurité ont bravement accumulé en matière de lutte contre le terrorisme islamiste barbare est aujourd’hui envié par de nombreux pays qui font face à ce fléau ; même si les services algériens notamment subissent depuis quelques années une déstabilisation dangereuse de la part d’un clan présidentiel qui verse dans un totalitarisme alarmant. En tout état de cause, les aventuriers du clan présidentiel doivent d’urgence cesser d’humilier le peuple algérien avec leurs manœuvres, machinations et manipulations tragiques, et convaincre leur vieux parrain de son incapacité physique, mentale et morale d’assumer ses lourdes charges, et qu’il doit demander pardon au peuple algérien pour les abus, méfaits et forfaits commis depuis 1999 et se retirer dans la dignité qui est due à la prestigieuse fonction qu’il occupe, au lieu de chercher encore à assouvir pathétiquement une haine et une rancune qui le mènent à la ruine et aggrave son cas déjà désespéré.
Rabah Toubal
(*) Janviéristes : les généraux qui avaient décidé le 11 janvier 1992, à l’appel de centaines de milliers de démocrates et de patriotes algériens, d’interrompre le second tour des élections législatives du 26 décembre 1991, prévu pour le 16 janvier 1992 et qui devait donner la victoire au parti du Front islamique du salut, FIS, qui voulait ramener l'Algérie au Moyen-Age.