Permanences durant l’Aïd : de qui se moque l’UGCAA ?
Dans un long communiqué rendu public aujourd’hui dimanche, l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) considère que le programme de permanence appliqué aux commerçants durant les deux jours de l’Aïd a été «un franc succès». S’accordant un satisfecit, comme à son habitude, et s’appuyant sur les rapports émanant des de ses cellules de wilaya, l’UGCAA estime le taux de suivi, jusqu’à ce dimanche matin, à 95%, et juge que les boulangers, les commerçants, les magasins d’alimentation générale et autres marchés de fruits et légumes concernés par le programmes de permanence «ont scrupuleusement respecté les consignes, en assurant régulièrement leurs activités et en approvisionnant de façon normale le marché en produits de première nécessité». Pour l’UGCAA, toutes les critiques entendues sur la pénurie de pain durant ces deux jours fériés «ne sont que des rumeurs», en livrant son propre constat qui est, bien entendu, loin de la réalité, en constatant que le pain était, au contraire, très largement disponible à travers toutes les wilayas du pays. Ce qui, selon le communiqué de l’UGCAA, dénote «le niveau de conscience des boulangers algériens». Loin de ce constat d'autosatisfecit, nos reporters et correspondants témoignent d’une autre réalité sur le terrain, constatant plutôt la fermeture de la quasi-totalité des épiceries, cafés, marchés et boulangeries soumis au programme de permanence. En attestent les interminables chaînes devant les rares boutiques ou boulangeries ouvertes durant ces deux jours de l’Aïd. D’ailleurs, les rares épiciers ou boulangers ayant ouvert l’ont fait plutôt par habitude ou par choix individuel que par souci de se conformer aux consignes données par les autorités ou par crainte de sanctions. L’exemple du centre commercial de Bab Ezzouar est édifiant en la matière. Les citoyens qui avaient l’habitude de s’y approvisionner en pain n’ont rien trouvé d’autre, pendant ces deux jours de l’Aïd, que les gâteaux et autres pâtisseries. Dans l’arrière-pays, la fermeture des magasins et surtout des cafés est encore plus visible. Pendant deux jours, les petites bourgades offraient l’image de villes fantômes.
R. Mahmoudi