Une mini-révolution
Par Kamel Moulfi – La zone d’ombre créée par les rumeurs de manipulation politique du mouvement des policiers n’a pas désorienté la population qui a manifesté, dans la grande majorité, et de diverses manières, sa sympathie, voire son soutien à leur action courageuse. Avec un premier recul, une fois l’effet de surprise dissipé, la portée de «mini-révolution» – ou de véritable révolution, la suite nous le dira – de ce mouvement commence à apparaître, bien que de manière encore confuse. Le changement de méthode que les policiers exigent dans leur profession, les Algériens ne cessent de le demander à l’échelle du pays. En envisageant de créer leur syndicat, autonome, ont-ils tenu à préciser, c’est, en fait, un contre-pouvoir qu’ils revendiquent face à leur hiérarchie, et pas seulement pour avoir une augmentation de salaire ou un logement, qui sont par ailleurs des revendications légitimes, d’autant plus qu’ils semblent exclus des avantages reconnus aux autres catégories sociales et professionnelles. La liste de leurs revendications et les «confessions» qu’ils ont faites à leurs concitoyens, dont les journalistes, ont révélé la façon dont ils travaillent et dont ils sont traités. Les anecdotes pullulent sur les précautions qu’ils doivent prendre pour éviter d’avoir à verbaliser les enfants des dirigeants et des richards du système, qui conduisent comme ils veulent au volant de leur véhicule ; sur la façon «politique» qui leur est imposée de gérer l’incivisme, surtout quand il a pour théâtre les quartiers populaires, particulièrement pour l’informel et les parkings sauvages, comme s’ils étaient tenus de fermer les yeux pour ne pas créer de mécontentement chez les «jeunes». Les policiers, sur le terrain, sont les premiers à constater que la loi n’est pas au-dessus de tous, qu’il y a des privilégiés qui ne sont pas soumis à la règle du droit et des situations où il faut laisser faire. Ils pensent certainement que cela ne peut pas durer. Ils savent qu’il reviendra à eux de faire face aux graves conséquences d’une telle dérive si, comme la tendance le montre, elle s’approfondit. Dans ce sens, par les impacts qu’il peut avoir sur toute la société, le mouvement des policiers est salutaire pour tous.
K. M.
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