Le marqueur Ebola
Par Kamel Moulfi – Moins de trois mois nous séparent de la Coupe d’Afrique des nations, mais l’incertitude plane de plus en plus sur son déroulement. Le Maroc, dépourvu des moyens de faire face à la menace que fait peser la fièvre Ebola, a laissé paraître ses réticences à maintenir le déroulement de cette compétition chez lui comme l’a prévu le calendrier de la Confédération africaine de football (CAF). Au Maroc, l’euphorie qui avait suivi, en 2011, le choix de ce pays pour abriter la CAN fait place maintenant à l’angoisse de ne pouvoir assurer la protection sanitaire face au risque de l’épidémie à virus Ebola. Les indications données par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui suit la situation de près, ne sont pas faites pour rassurer. Le bilan publié vendredi faisait état de 4 555 morts sur 9 216 cas enregistrés dans sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis). Pour l’Afrique de l’Ouest, on le voit, c’est une véritable catastrophe humanitaire qui justifie que l’OMS considère cette situation comme «une urgence de santé publique de portée internationale». L’éventualité que l’épidémie se propage ailleurs que dans les pays qu’elle a déjà frappés est sérieusement envisagée surtout là où les structures sanitaires ne sont pas suffisamment développées pour y faire face. C’est certainement ce qui a motivé la démarche du Maroc qui a souhaité se dessaisir de l’organisation de la CAN-2015. Si cette compétition est reportée, le virus Ebola se trouvera fatalement projeté dans l’actualité sportive avec une médiatisation qui touchera les dizaines de millions de supporters africains, et dans le monde, qui attendent la CAN-2015. Ils découvriront que les guerres «gratuites», juste pour satisfaire les intérêts égoïstes des pays occidentaux, mobilisent plus de ressources financières que la lutte contre la transmission du virus Ebola. C’est une honte pour l’ONU, incapable à la fois d’empêcher les guerres et de réunir les conditions pour enrayer une menace planétaire sur la santé humaine. Ebola agit comme un marqueur de l’état du monde.
K. M.
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