Les errements de Belaïz
Par Rafik Meddour – Le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, exclut tout mouvement de protestation dans le corps de la Protection civile, attribuant les dernières informations ayant circulé sur ce sujet aux «fonctionnaires révoqués». Selon lui, un tel mouvement n’est pas envisageable dans un tel corps chargé de la sécurité des citoyens. «La grève ou le débrayage dans ces corps chargés d'assurer la sécurité sont interdits en Algérie et même ailleurs», a-t-il précisé. Pourtant, cette interdiction n’a pas empêché des milliers de policiers, en charge eux aussi de la sécurité des biens et des personnes, d’investir la présidence de la République dans un mouvement de protestation inédit en Algérie. Ces policiers, qui ont effectivement bravé l’interdit, n’ont pas pu être sanctionnés parce qu’ils étaient forts nombreux et bénéficiaient du soutien des autres fonctionnaires de la police. Le ministre de l’Intérieur ignorerait-il qu’il n’existe aucun texte de loi qui interdise à des pompiers, des policiers ou des douaniers de débrayer pour réclamer leurs droits socioprofessionnels ? D’ailleurs, le corps de la Protection civile est doté d’un syndicat reconnu officiellement, puisqu’il appartient à l’UGTA, tout comme le corps des douaniers qui relève, par ailleurs, du secteur des Finances. Ce dernier a enregistré de nombreux mouvements de protestation au cours de ces quinze dernières années. Mais Tayeb Belaïz semble ignorer ce détail au point de dire que «l'idée de créer un syndicat propre à ces corps n'est pas à exclure et qu’une réflexion pourrait être lancée autour de cette proposition qui sera examinée sous tous ses aspects juridiques et autres». Hallucinant ! Le ministre de l’Intérieur, ancien magistrat, ne sait donc pas qu’il existe déjà des syndicats au sein de la Protection civile et des Douanes, contrairement à la police qui reste privée de ce droit consacré par la Constitution. Le ministre de l’Intérieur n’est pas à une contradiction près. D’un côté, il déclare interdits tous grève ou débrayage dans ces trois corps paramilitaires et, d’un autre côté, il n’écarte pas l’idée d’autoriser la création de syndicats au sein de ces mêmes corporations. Comment peut-on autoriser l’activité syndicale et, en même temps, interdire le droit à la grève consacré par la loi ? Par ailleurs, s’il n’existe pas un réel risque de protestation au sein de la Protection civile, comme l’affirme le ministre de l’Intérieur, pourquoi le gouvernement a-t-il décidé d’élargir les mesures prises en faveur de la police aux pompiers et aux douaniers ? La réponse semble évidente.
R. M.
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