Les seules questions que «Liberté» a occultées
Au forum de Liberté animé par Ahmed Tahri, lundi 10 novembre 2014, la question de la séparation du politique et du religieux et celle sur l’application de la loi constitutionnelle actuelle sur l’égalité de l’homme et de la femme par l’abrogation du Code de la famille n’ont pas été rapportées au large public, ni par le journal papier ni sur le Net. La réponse censurée de l’invité, M. Rahabi Abdelaziz en l’occurrence, est la suivante : «J’étais en train de montrer la démarche politique de ceux (pas de celles) qui se sont réunis à Mazafran qui sont d’accord sur la crise et sur la façon de sortir de la crise. Il n’y a pas un seul passage, une seule idée sur le caractère anachronique ou rétrograde des documents de Mazafran ou de la déclaration du 1er novembre 2014. Voilà un document moderne et d’essence démocratique. Ce n’est pas un document qui dit qu’il faut la charia. Ce n’est pas un document sur l’égalité. Il n’y a pas que l’égalité entre l’homme et la femme. L’égalité est un concept global, social. C’est un document qui dit une Algérie forte stable et juste. Ces questions se poseront quand vous arrivez au pouvoir avec les islamistes, c’est ce qu’on appelle le pouvoir de gouvernabilité. Quand vous arrivez au pouvoir, quand deux forces antinomiques arrivent au pouvoir, elles négocient avant d’arriver au pouvoir. Ce qui se fait en Espagne, ce qui se fait partout ailleurs. Ce qui se fait en Tunisie. On discute des documents de base et après on va aller au pouvoir. En Algérie, c’est l’inverse. On fait rentrer tout le monde dans le gouvernement. Chacun avec ses convictions, chacun avec son programme et après on n’arrive plus à les concilier. Donc, ça sera possible si vous devez partager le pouvoir avec les islamistes, vous négociez un pacte de gouvernabilité. Vous discutez du statut de la femme, vous discutez de la question de la justice, vous discutez de la question du rapport du religieux et de la politique, plus tard.» Il sera trop tard dans ce cas et dans le contexte actuel, si on se réfère à notre propre expérience. Oui, la récente expérience algérienne lorsque Chadli avait imposé par sa légalisation un parti anticonstitutionnel, c’est exactement une tentative similaire à celle de l’opposition du pouvoir aujourd’hui. C’est à se demander si le FFS ne s’est pas rétracté une fois qu’il a compris que cette opposition du pouvoir n’est en dernier ressort qu’une autre tentative de maquiller les islamistes, jusqu'à les rendre fréquentables, et pourquoi ne pas leur donner cette apparence de démocrates, lui qui a l’expérience de Rome.
Saâdeddine Kouidri