Le temps de l’alarmisme
Par Kamel Moulfi – Il a fallu que le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, exprime ses «inquiétudes», selon le mot qui figure dans presque toutes les Unes des journaux, à propos de l’impact de la baisse des prix du pétrole sur notre économie pour que le ton qui était aux assurances passe à l’alarmisme et qu’en même temps, le débat, dominé plutôt par les questions politiques, migre vers les préoccupations économiques. L’Algérie est-elle prête à résister à un choc pétrolier provoqué par la chute de ses recettes tirées des exportations d’hydrocarbures ? Passé le court terme, la réponse est non, a laissé entendre Laksaci. Et le court terme ne donne pas à l’Algérie le temps de «se retourner». D’où le ton alarmiste et le branle-bas de combat qui se traduit par une réunion extraordinaire du gouvernement et la mise en place au niveau du Conseil économique et social (Cnes) d’une cellule de suivi et d’évaluation. Comme cela arrive souvent pour les BMS qui annoncent les intempéries catastrophiques, les alertes lancées de longue date sur l’éventualité de tomber dans une situation d’impasse face à la diminution des disponibilités financières, et la nécessité de s’y préparer en sortant de l’économie basée uniquement sur les hydrocarbures, n’ont pas été entendues, en tout cas pas prises au sérieux. Le pouvoir a visiblement cru à la fable racontée par certains «experts» sur le faible risque, par rapport à d’autres pays, qui pèse sur notre pays, face à la dégringolade du marché extérieur pétrolier. Faut-il désespérer ? Assurément, non. L’Algérie dispose encore d’un potentiel réel qui ne se limite pas aux revenus pétroliers et qui pourrait lui permettre de développer son économie en atténuant sa trop grande dépendance de ces revenus et, par là même, des facteurs exogènes. A condition de le vouloir et que soient mobilisées les compétences en mesure de faire face à la situation de crise imminente. Ironie de l’histoire : au moment où Laksaci intervenait, se trouvait, peut-être, quelque part dans un des bureaux de l’APN, en haut d’un tiroir, prêt à être sorti, le projet d’augmentation des salaires des députés et des avantages qui leur sont consentis. La première mesure à prendre est bien de geler leurs salaires, et que les députés donnent l’exemple en renonçant à certains avantages coûteux pour la collectivité nationale.
K. M.
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