Or bleu contre or noir
Par Kamel Moulfi – Moins de deux semaines après sa virée médiatique à In Salah en compagnie de deux autres ministres pour constater le «succès» du forage du puits pilote de gaz de schiste dans le bassin d’Ahnet, le ministre de l‘Energie, Youcef Yousfi, a été contraint de revenir sur les lieux pour s’expliquer devant la population hostile à l’exploitation dans son voisinage de ce gaz non conventionnel. Car contrairement aux déclarations officielles, cette zone est habitée et les gens qui y vivent ne sont pas dupes. Ils sont conscients que le recours à cette énergie non conventionnelle non seulement ne leur rapporte rien sur le plan du développement local, mais elle menace leur or bleu, l'eau, source de vie rare. Il n’y a pas d’autre explication à leur soulèvement contre l'exploitation du gaz de schiste. Seul fait positif : les pouvoirs publics ont compris que la répression n’est pas la réponse à opposer à ce mouvement de protestation. Ils ont opté pour le «dialogue». Mais le déplacement du ministre n’a rien changé à la position de la population dont les représentants exigent la fermeture pure et simple du puits-pilote. Youcef Yousfi a tenté de convaincre en affirmant que l’exploitation du gaz de schiste ne comportait pas de danger. Il a fait l’offre alléchante d’envoyer à l’étranger un groupe de protestataires avec des experts pour s’en rendre compte par eux-mêmes. Il s’agit certainement d’un voyage aux Etats-Unis qui sont cités à chaque fois comme exemple pour montrer que l’aventure du gaz de schiste est sans conséquence, ce qui est faux. Tardivement, Youcef Yousfi a également promis en vrac l’ouverture localement d’instituts de formation de techniciens supérieurs, l’implantation de dépôts de bonbonnes de gaz, etc. Le ministre est allé jusqu’à laisser entendre qu’il se pourrait que l’exploitation du gaz de schiste dans la région soit arrêtée si les risques étaient avérés ou si son coût était excessif. C’est justement ce dont sont convaincus les protestataires qui estiment qu’il faut parier sur les ressources en eau qui permettent un développement local et non pas sur le gaz de schiste appelé à être exporté après avoir asséché la nappe de l’albien, dont on dit qu’elle est la plus grande réserve d’eau douce au monde.
K. M.
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