La leçon
Par Meriem Sassi – Les déclarations contradictoires, les débats télévisés plus ou moins clairs sur le gaz de schiste et les rumeurs sur une décision prise par le président Bouteflika en vue de l’arrêt de l’exploitation de cette énergie non conventionnelle au sud du pays tiennent en haleine les Algériens, ces jours-ci. Dans ce brouhaha qui sert de «plan de communication» au gouvernement, des bribes d’information aussi confuses les unes que les autres parviennent en saccades à In Salah, dont les habitants ne décolèrent toujours pas et désespèrent d’avoir une réponse claire et définitive sur le dossier qui engage l’avenir de leur région et du pays tout entier. Après plusieurs déplacements et prises de parole confirmant l’option définitivement prise par le gouvernement en faveur du gaz de schiste pour garantir de futures recettes d’exportation pour le pays, tout en écartant la dangerosité des forages projetés, le gouvernement semble faire un pas en avant et un autre en arrière. Il est évident que le pouvoir a opté pour la tergiversation s'agissant de ce dossier épineux qui peut avoir des répercussions environnementales désastreuses selon les plus virulents des experts. Dans cette cacophonie ambiante, on notera la dernière sortie médiatique du ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, qui a déclaré hier que «le gouvernement n’a pris à ce jour aucune décision définitive concernant l’exploitation du gaz de schiste et effectue actuellement une évaluation technico-économique de ce projet». Le gouvernement, qui ne s'attendait pas à la levée de boucliers de la part des habitants du Sud, joue apparemment sur les mots et parle désormais d'essais techniques et non plus d'exploration. Même si rien n’est gagné pour les habitants d’In Salah, la leçon donnée par les manifestations pacifiques de la région est à retenir. Dire que si les citoyens du Nord avaient dès le départ agi comme ceux du Sud, beaucoup de décisions déraisonnables et incohérentes auraient été évitées depuis 1999. Il faut que cet «éveil de la citoyenneté» comme l'a appelé Ali Benflis serve d'exemple pour faire en sorte que la société civile soit enfin un contrepoids à l'omnipotence du pouvoir en place, face à la classe politique qui a lamentablement échoué.
M. S.
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