Communication grippée
Par Rafik Bahri – Le ministère de la Santé publique prévoit une augmentation drastique de cas de grippe saisonnière pour l’année en cours. Ce qui n’est pas sans susciter la panique chez les Algériens, dans la mesure où dans chaque famille, ou presque, il est recensé au moins un cas de cette grippe dont le commun des Algériens ne sait plus de quelle souche elle provient. Saisonnière ? Porcine ? Aviaire ? Bénigne ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que des citoyens en meurent chaque jour à travers le territoire national. Le ministère de la Santé se contente de dire que cette grippe « automno-hivernale» n’a rien de grave, mais n’omet pas de rappeler qu’elle peut tuer chez les sujets de plus de 65 ans. Cependant, le terrain nous renseigne autrement. Des jeunes de moins de trente ans ont été emportés par cette grippe, et dans le sillage, la presse fait état de cas de décès de grippe porcine, enregistrés à Béjaïa et Alger (Béni-Messous). Fait-on dans la rétention de l’information en répétant quotidiennement que ce mal est en rapport avec la saison ? Outre la nature véritable de cette souche grippale, les chiffres communiqués par le département de Boudiaf sont loin de refléter la réalité du terrain. Les pouvoirs publics se contentent de conseiller les Algériens d’aller se faire vacciner, alors que la gravité du mal est balbutiée par ces mêmes responsables à chaque déclaration publique. Si le mal a atteint de seuil de gravité important, pourquoi ne pas décréter le «plan B», et par extension une campagne obligatoire de vaccination ? Une République n’implore pas ses citoyens de se rendre chez le pharmacien pour se faire vacciner, même gratuitement. Cela se décrète. Un ordre que personne ne contesterait, pour paraphraser le président de l’Ordre national des médecins, Dr Mohamed Bekkat Berkani, qui est allé jusqu’à proposer un statut de souveraineté au ministère de la Santé. Le Dr Bekkat-Berkani ne s’empêche pas également de dénoncer le dysfonctionnement du système de la santé en Algérie, appelant à la tenue urgente d’un Conseil des ministres restreint dédié à la santé. Ce serait plus efficace que de s’en tenir à la seule direction de la communication de l’administration de la santé.
R. B.
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