La leçon américaine
Par Kamel Moulfi – Quelle honte ! Ramener un Américain pour nous dire qu’il faut communiquer avec la population, c’est incroyable mais vrai, Sonatrach l’a fait. En quelle langue faudra-t-il parler aux gens d’In Salah ? Si la question lui avait été posée, il nous aurait répondu le plus «normalement» du monde qu’il faut utiliser le langage qu’ils comprennent. Oui, nos «experts», à nous, ignorent qu’il faut communiquer, c'est-à-dire parler et écouter et ne pas seulement répéter des mensonges. Il a fallu faire venir quelqu’un spécialement de Pennsylvanie, aux Etats-Unis, pour expliquer à notre ministre de l’Environnement qu’«il n'existe pas de risque zéro environnemental dans l'industrie du gaz de schiste», elle qui ne cesse de clamer que les puits forés près d’In Salah ne comportent aucun danger sur l’environnement. «La contamination des nappes d'eau, l'infiltration du gaz naturel dans l'eau potable ou encore les défaillances liées aux procédés d'enfouissement de déchets chimiques et radioactifs sont les principaux risques relatifs à l'exploitation du gaz non conventionnel», c’est l’expert américain ramené par Sonatrach qui le dit. Et à l’adresse des trois ministres qui sont allés, à la fin de l’année dernière, crier «victoire !» devant le premier puits pilote de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet, et annoncer, par là même, l'entrée du pays dans l'ère de son exploitation. Thomas Murphy, c’est le nom de l’expert américain, énonce un principe élémentaire : «la société civile doit être informée et sensibilisée» sur les risques ainsi que sur les solutions envisagées pour y faire face. La société civile doit être informée et sensibilisée, pas réprimée, aurait-il pu ajouter. Nos officiels font le contraire, ils assènent leurs mensonges sur l’innocuité de l’exploitation du gaz de schiste et sur le «rush» des pays qui y vont et gare à celui qui conteste. Quelle misère intellectuelle ! Ils continuent de vivre dans un paysage médiatique dépassé par les techniques de communication qui font que les gens d’In Salah et d’ailleurs en Algérie peuvent tout savoir sur le gaz de schiste et sur le reste, et qu’il ne sert à rien de les prendre pour des ignorants qui avaleraient n’importe quelle propagande.
K. M.
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