Pas de signe d’abattement : les Tunisiens déterminés à résister face au terrorisme
Après l’attaque terroriste, mercredi, contre les touristes étrangers qui visitaient le musée du Bardo, à Tunis, et face au lourd bilan (19 victimes : 17 touristes étrangers et 2 Tunisiens) qui risque de s’aggraver avec le nombre de blessés dans un état critique, les Tunisiens ont fait preuve de courage en décidant de résister et de lutter pour poursuivre la construction de leur pays sur les bases nouvelles qu’ils ont choisies. Leur première réaction, immédiate, a été de se rassembler par centaines pour réaffirmer leur attachement à une Tunisie libre et manifester leur rejet du terrorisme. Cela nous rappelle notre «Djazaïr horra democratia» (Algérie libre et démocratique»), scandé un certain 22 mars 1993, qui avait marqué une nouvelle qualité dans la mobilisation populaire venue en appui à l’action des forces de sécurité pour vaincre le terrorisme. L’éradication de ce fléau en Tunisie sera l’œuvre des Tunisiens eux-mêmes, peuple et forces de sécurité dont il faut espérer, pour ces dernières, qu’elles gagneront vite en expérience et en efficacité dans cette lutte. La détermination des Tunisiens et le discours ferme de leur président, Béji Caïd Essebsi, qui a promis de combattre sans pitié le terrorisme et de l’anéantir, sont des signes encourageants pour nous Algériens qui sommes passés par cette dure épreuve dans des conditions nettement plus difficiles, avec, faut-il, encore une fois, le rappeler, le soutien, ouvertement ou par complaisance, des grands pays occidentaux aux groupes armés criminels élevés au rang de «résistants». La Tunisie passe par la même phase, mais sans le «qui tue qui» comme le montrent les messages de condamnation qui ont fusé de partout. Ce qui ne signifie pas que la lutte sera facile. Le contingent de mercenaires tunisiens à l’œuvre en Syrie contre le gouvernement de Bachar Al-Assad ou qui sont dans les rangs de Daech, juste à côté en Libye, lui renvoie des jeunes endoctrinés à l’extrémisme religieux et rompus à l’usage des armes. 3 000 à 4 000 Tunisiens sont partis, 500 sont revenus, selon les autorités de ce pays. La similitude est frappante : chez nous, c’étaient «les Afghans», on les appelait ainsi parce qu’ils revenaient d’Afghanistan où ils s’étaient, eux aussi, aguerris et fanatisés. Comme l’Algérie, la Tunisie surmontera cette dure épreuve. Son peuple est décidé. Certains médias français, de façon totalement irresponsable, insinuent, à l’adresse des touristes, que «la Tunisie, c’est fini», alors qu’ils savent que le tourisme est, pour le moment, la bouée de sauvetage économique de ce pays. Il représente à lui seul, selon les données officielles, 7% du PIB et permet de créer environ 400 000 emplois directs tout en constituant un gisement considérable d’emplois indirects, les Algériens qui sont nombreux à visiter ce pays ne l’ignorent pas. Ce sont d’ailleurs eux qui démentiront les pronostics alarmistes en maintenant la destination Tunisie dans leurs projets de voyage. Ils ne laisseront pas tomber leurs voisins et continueront à y aller, comme avant et encore plus. Dans quelques jours, le Forum social mondial qui se tiendra à Tunis avec la participation de quelques dizaines de milliers de personnes, dont une forte participation algérienne, prendra la dimension d’une grande action de solidarité avec la Tunisie.
Houari Achouri