Discours deux en un
R. Mahmoudi – Au-delà de sa portée politique et de ses répercussions immédiates sur la vie nationale, largement commentée par la presse et les partis politiques, le dernier discours de Bouteflika – dont certains vont jusqu’à douter qu’il ait été dicté ou validé par le Président lui-même – porte dans sa structuration syntaxique les germes d’une très grave dérive. La contradiction flagrante relevée dans les deux versions du texte – le rajout ou l’amputation, c’est selon, d’une petite phrase («soutenue par une presse…») qui en déforme totalement le sens) – trahit, en effet, l’état de déliquescence dans lequel se trouvent les plus hautes institutions du pays. Si, à ce niveau de la hiérarchie du pouvoir, des fautes aussi graves peuvent se glisser aussi facilement, par omission, par incompétence ou par volonté de manipuler, il y a bien le feu en la demeure. Car c’est toute l’image du chef de l’Etat et celle de l’Etat tout entier qui en prennent un coup. Qui a rédigé les deux versions arabe et française du discours lu au nom du président de la République ? Qui était chargé de la révision des deux textes ? Qui, parmi les scribes du Président, a intérêt à ce qu’un message aussi important soit trituré de cette façon gauche et provocatrice ? Qui, en dehors du petit cercle des conseillers attitrés du chef de l’Etat, peut s’immiscer dans l’élaboration des discours officiels ? On ne sait pas si une enquête a été diligentée pour en déterminer les responsabilités, mais le silence radio qui règne depuis la diffusion de ce message sur cette affaire ne fait qu’aggraver la situation. Ni le très «moralisateur» ministre de la Communication ni aucun porte-voix officiel ou officieux du pouvoir n’ont jugé utile de reconnaître cette bévue. A moins qu’ils n’en mesurent pas la portée. Ce qui est encore plus grave.
R. M.
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