Pourquoi mentirait-il ?
Par R. Mahmoudi – Après la sortie décapante du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, hier, on ne comprend plus l’attitude officielle de l’Algérie face à un acte d’hostilité gravissime et avéré dont elle a été l’objet lors du rapatriement des ressortissants algériens et maghrébins du Yémen. On peut comprendre, à la limite, la volonté du gouvernement d’apaiser le climat de tension que cela peut susciter, chez nous, en usant de formules diplomatiques généralement aseptisées et dédramatisantes. Mais que le porte-parole vienne démentir, en bloc et sans nuance aucune, des informations authentifiées – dont Algeriepatriotique a eu la primeur – et confirmées par différentes sources y compris par le commandant de bord du vol qui a mené cette opération humanitaire, voilà qui soulève des interrogations et risque d’écorner l’image de la diplomatie algérienne qui nous a habitués à une communication autrement plus convaincante. Donnant sa version des faits, l’officiel algérien insiste sur le fait que le rapatriement du Yémen de nos nationaux «s'est effectué en parfaite et totale coordination entre l'Algérie, l'Arabie Saoudite et les autres pays concernés». Mais il n’en donne aucune preuve et ne fait, bizarrement, aucune référence aux témoignages suffisamment éloquents sur cette mésaventure. Qu’est-ce qui aurait bien poussé le ministère des Affaires étrangères à afficher un profil bas dans cette affaire, alors qu’on attendait à ce qu’il défende au moins l’honneur de nos compatriotes harcelés, voire menacés par les autorités saoudiennes ? Le gouvernement cherche-t-il à ménager l’Arabie Saoudite, par crainte des conséquences (et lesquelles ?) ou par souci d’éviter une crise diplomatique qui pourrait impliquer inutilement le nom de l’Algérie dans cette guerre arabo-arabe, appuyée en sous-main par Washington ? Dans les deux cas, la diplomatie algérienne aurait pu trouver de meilleurs procédés pour «calmer le jeu», sans accuser indirectement le pilote d’Air Algérie de «mensonge».
R. M.
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