Tempête dans un verre d’eau
Par Kamel Moulfi – La concession des plages au profit des privés sera maintenue dans notre pays. C’est la ministre du Tourisme et de l’Artisanat qui l’a décidé. Quelques semaines avant, un directeur central du ministère de l’Intérieur, exprimant, en principe, le point de vue de son ministre, avait fait savoir que la proposition d’annuler les contrats de concession des plages serait examinée par le gouvernement. Tout le monde avait alors compris que les plages ne seraient pas livrées cet été au diktat des «concessionnaires». Entre ces deux annonces, c’est la séquence qui manque dans cette affaire, que s’est-il passé ? Le ministère de l’Intérieur a révélé que la concession des plages ainsi que les prestations fournies au niveau de ces sites balnéaires ont rapporté aux communes des 14 wilayas côtières très nettement moins que les recettes estimées à partir du nombre d’estivants enregistré par les services compétents. C’est cette «différence», très grosse, on passe de l'ordre de millions de dinars à celui de milliards de dinars, ajoutée aux protestations des estivants contre la privatisation des plages qui ont justifié la remise en question des concessions. La ministre du Tourisme n’est pas de cet avis et a, donc, décidé que ça ne changera pas cet été. Les contradictions qui naissent dans l’action du gouvernement, étalées dans la presse, ont tendance à devenir un fait «normal». Celle qui a un peu marqué l’actualité ces jours-ci ne sort de l’ordinaire que par son objet, en apparence exceptionnel : la vente de boissons alcoolisées. Faut-il ou non une autorisation pour le marché de gros concernant cette marchandise ? Inutile, a dit le ministre du Commerce, levée de boucliers chez les partis islamistes avec menace de faire bouger les mosquées puis l’épilogue : maintien de l’autorisation, tranche le Premier ministre. Le déroulement séquentiel dans cette affaire est quasiment le même dans toutes les «tempêtes dans un verre d’eau» qui agitent le gouvernement. Quand ce n’est pas une diversion qui se veut génialement montée de toutes pièces, les désaccords entre membres du gouvernement sont provoqués par l’insuffisance, parfois le manque total de coordination au sein de l’Exécutif, ce qui aggrave les conflits de prérogatives et laisse la voie libre aux luttes d’intérêts. L’amplification apportée par les médias fait le reste.
K. M.
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