Le jeune Amar Saïdani
Par Kamel Moulfi – Le plus sérieusement du monde, Amar Saïdani annonce que le prochain congrès de son parti, le FLN, sera celui du rajeunissement, mais il ne dit pas dans quelle tranche d’âge il situe cette opération appelée, selon lui, à rénover l’ancien parti unique. Le souhait de Saïdani a l’air d’une plaisanterie quand on prend comme repère l’âge de ceux qui s’entredéchirent pour lui prendre son koursi de secrétaire général. Les jeunes Algériens, qui forment 70% de la population, on n'arrête pas de nous le dire, sont partout ailleurs : au square Port-Saïd pour vous procurer des devises, dans la rue pour vendre n’importe quoi, sur les gradins des stades prêts à en découdre avec les supporters de l’équipe adverse à coups d’armes pyrotechniques et de couteaux de boucher, dans les salles semi-obscures des cybercafés à cyber-rêver, au milieu de la Méditerranée en harraga vers l’Espagne. Bien sûr, ils sont aussi, mais en nombre nettement moins important, une sorte d’élite, à la tête de leurs entreprises, dans l’économie légale, après avoir fait de bonnes études ou bénéficié du coup de pouce d’un proche. Seulement, allez les trouver dans les institutions politiques ou, par exemple, parmi les ambassadeurs. L’exemple significatif est le gouvernement Sellal, formé presque entièrement de ministres qui ont allègrement dépassé l’âge de la retraite, et les plus jeunes sont tout proches. L’ambition de faire partie du pouvoir n’existe plus chez les jeunes ; elle habite les privilégiés, déjà vieux, qui ont été introduits de longue date dans le sérail et ne veulent plus le quitter à cause de l’habitude prise à profiter de ses avantages matériels. Les jeunes ne sont pas représentés dans les institutions comme ils le méritent. Il faudrait un article 31 ter dans la future Constitution pour imposer leur quota, comme cela a été fait pour les femmes. On imagine mal Saïdani vouloir sérieusement passer le flambeau à la jeunesse. Comble du ridicule : les jeunes ont leur ministère à eux, mais c’est un vieux qui le dirige, Abdelkader Khomri qui a passé sa jeunesse et l’essentiel de sa vie dans le pouvoir et sa périphérie, comme la grande partie du personnel du système, toujours les mêmes.
K. M.
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