Ali Benflis : «Le désordre institutionnel devient intolérable !»
S’exprimant à l’ouverture du congrès régional de son parti Talaiou El-Houriyet, réuni à Constantine, Ali Benflis a notamment souligné que «le désordre institutionnel devient intolérable en tant que menace aux fondements mêmes de l’Etat national et à son autorité qui devrait être sans tâche». Pour Ali Benflis, le diagnostic est clair : «Le pouvoir est vacant tout comme le centre de la décision nationale est déserté (…) le gouvernement ne gouverne plus.» Benflis en veut pour preuve «le fait déplorable» illustré par le récent remaniement ministériel et met en relief «l’improvisation débridée, la légèreté dans la gestion des affaires de l’Etat et une vacance du pouvoir devenue incontrôlée et incontournable qui ont toutes convergé pour mettre le régime politique en place dans l’incapacité d’opérer un tel remaniement dans les règles de l’art». Pour Ali Benflis, «l’Algérie est incontestablement face à une impasse politique totale». Pour le chef de Talaiou El-Houriyet, «nul ne peut prédire avec certitude ce sur quoi elle est destinée à déboucher ni la facture déjà bien lourde dont il faudra s’acquitter pour éponger tous les dommages nombreux qu’elle a infligés au pays». Il estime que malgré la réalité, «cette crise politique est niée par «le régime politique et les clientèles qu’il a mises à son service et des groupes d’intérêts, d’influence et de pression sur lesquels il s’appuie. Ceux-là refusent obstinément de regarder la réalité en face. Que leur légitimité et leur crédibilité soient mises en doute, ils n’en ont cure. Que de par leur propre fait toutes les institutions républicaines et toute l’administration publique aient été mises en situation de quasi-cessation d’activités, ils plaident que tout va bien, que tout est normal et que chacun de leurs actes est une prouesse inégalable. Qu’ils se voient dire, à raison, qu’ils ne règlent plus les problèmes du pays, mais qu’ils lui en créent de nouveau, ils profèrent avec une forte dose d’inconscience et de légèreté les accusations d’atteinte à la sécurité nationale et d’intelligence avec l’ennemi et donnent l’alerte contre l’intrusion de mains étrangères». Au sens de Ali Benflis, «nos gouvernants cherchent le bouc émissaire» aux fins d’«anesthésier l’opinion publique nationale par des vœux pieux et des promesses creuses, détourner les regards de cette même opinion publique de leurs échecs politiques, économiques et sociaux qui s’accumulent ; ce faisant, ils s’emploient désespérément, mais vainement à nous convaincre que le pouvoir n’est pas vacant, que le gouvernement gouverne, que les institutions républicaines assument leurs missions constitutionnelles et que l’administration publique n’est pas livrée à elle-même sans orientations et sans directives». Dépourvu de sens ou de substances politiques, le récent remaniement, qui n’était, au fond, qu’un replâtrage d’une institution léthargique a fini, selon Benflis, par «provoquer soit l’étonnement, soit la dérision et, dans tous les cas, une indignation généralisée quant au sort fait à la crédibilité de l’Etat et à son image au dedans et au dehors». Pour Ali Benflis, «les institutions républicaines n’assument plus leurs missions constitutionnelles, d’abord parce qu’elles sont mises au service du régime politique en place et non des citoyennes et des citoyens pour lesquels elles ont été créées et ensuite parce qu’elles subissent, elles aussi, directement les effets de la vacance du pouvoir et de la carence du gouvernement».
Meriem Sassi