Pour comprendre à qui profite le phénomène djihadiste
Par Dr. Mohammed Aït Slimane – Pour mieux comprendre ce qui se traduit aujourd’hui par terrorisme djihadiste et à qui profite ce phénomène destructeur, il faut retourner en arrière dans l’histoire du Moyen-Orient et du Proche-Orient. Avant la Première Guerre mondiale, l’empire ottoman avait sous sa tutelle un grand empire exploitant toutes les populations et les richesses. L’empereur allemand Wilhelm II avait installé ses services secrets sous la conduite du riche Baron Max von Oppenheim, en qualité de diplomate, fils du célèbre banquier Salomon von Oppenheim, ami intime de Theodore Herzl et éminent archéologue, sur les territoires de l’ancienne Mésopotamie, la Syrie, le Liban et l’Egypte. Max von Oppenheim a su s’introduire dans ces sociétés jusqu’au plus haut niveau. Avec ses équipes, il a commencé un travail de longue haleine, à favoriser et encourager le tribalisme et le communautarisme, et exploiter le djihad, apportant armes et munitions pour fomenter des soulèvements entre les tributs pour mieux les exploiter. Il a acquis, à cet effet, le surnom d’«Abou djihad». Puis, la Première Guerre mondiale s’est déclarée. Les Anglais et les Français ont repris les idées et la stratégie de cet espion allemand, avec Laurence d’Arabie et les tributs de la péninsule arabique, pour défaire l’empire ottoman et mettre la main sur toute la région, d’où l’accord Sykes-Picot. Aujourd’hui, c’est le même scenario qui se répète : sunnites et wahhabites contre chiites, par djihadistes interposés, créés, financés et manipulés pour servir des intérêts plus que suspects dans ces nébuleuses qui se multiplient dans toutes la région arabe ; des pays jadis berceaux de cultures plusieurs fois millénaires tombent en ruines, des millions de citoyens déplacés, tandis que les cerveaux sont soit assassinés, soit récupérés par l’Occident. C’est dire que l’histoire est un perpétuel recommencement et seuls les idiots commettent les mêmes erreurs car ils ignorent leur propre histoire. Hier, c’était Max von Oppenheim et Laurence d’Arabie, aujourd’hui, c’est Bernard-Henri Lévy, Ben Laden ou Al-Baghdadi, sous la férule du wahhabisme comme jadis, au service du démantèlement, de la destruction de la mémoire et de la refonte des pays arabes en plusieurs cantonnements tribaux. Il est temps que nos dirigeants et surtout la société civile comprennent ce qui se joue à nos frontières et réagissent dans le cadre d’ensembles régionaux. En ce qui nous concerne, c’est au niveau de l’Union maghrébine qu’il faut agir et sans perdre de temps. Il ne faut jamais agir en rangs dispersés.
M. A.-S.
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