Quelle fraternité ?
Par Antisioniste – La décision 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU du 15 avril 2015 concernant le Yémen demande/exige (étrangement ? Pas du tout !) à toutes les parties «yéménites» de se conformer à la décision du Conseil de sécurité, en cessant le feu et en revenant à la table des négociations à Riyad. Il faut rappeler que c'est l'actuel ministre des Affaires étrangères des Saoud qui a déclaré, juste après Charm El-Cheikh, le début de la «tempête décisive» à partir de Washington sans l’«accord» de l'ONU. Comme c'était prévisible, les Yéménites, depuis le début de cette agression, aussi illégale qu'immorale et disproportionnée, ont été sauvagement atteints par les lâches bombardements des coalisés. Les escarmouches aux frontières avec les Saoud sont actuellement en phase de devenir des incursions au sein même des territoires des bédouins sionisés qui n'ont aucune capacité militaire terrestre en termes d'effectifs capables de faire face à des Yéménites très aguerris aux combats terrestres. C'est l'une des raisons qui a fait que Mimi 6 se soit envolé à Riyad, qui a mis à sa disposition son avion pour aller faire le recrutement de la chair à canon africaine. D'ailleurs, le Sénégal est déjà en lice, triste constat pour les peuples africains. La décision du Conseil de sécurité ne parle que des Yéménites, mais elle omet de parler des Saoud et de leurs alliés qui ne cessent de bombarder les civils. Cela veut explicitement dire que ce soi-disant Conseil de sécurité ainsi que les Saoud ne sont que des exécutants d'un plan et de décisions qui émanent d'un ailleurs tout puissant non médiatisé, parce que les médias lui appartiennent d'une façon ou d'une autre. Triste réalité d'un monde qui aspire à la liberté, à la justice et à l'équité, mais qui se soumet, à «l'insu de son plein gré», aux injonctions qui émanent d'un ailleurs malade, médiocre et puissant, se trouvant derrière les rideaux et usant de notre crédulité avec ses marionnettes. La chute du centre de la confrérie des Frères musulmans à laquelle appartient Morsi, ainsi que le retour de la Crimée à la Russie suite au coup d'Etat étasunien en Ukraine ont considérablement et durablement changé la donne pour les marionnettistes. Ils ont décidé, suite à ces imprévus, d'accélérer la cadence pour la mise en place de leur ordre mondial, quitte à déclencher une guerre mondiale où l'anarchie, contrôlée, sous ses aspects ethnique, religieux et idéologique sera le moteur principal ; l'Ukraine et le Yémen ne sont qu'une avant-première. Deux événements se déroulent actuellement au Koweït et au Liban. Le premier rassemble les ministres des AE au Koweït de ce qui est appelé l'organisation d'entraide des musulmans sous le nom du renforcement de «la coopération et le rejet du terrorisme». Le second a été tenu au Liban par l'Union mondiale des oulémas de la résistance, qui sont sunnites et chiites, pour soutenir la résistance contre l'extrémisme takfiri et le terrorisme. Ceci démontre clairement l'écart évident – qui a d'ailleurs toujours existé – au sein même de la oumma musulmane, que des discours trompeurs et hypocrites, depuis plus de deux siècles au moins, ne cessent de nous parler de «ijma’â» ou d'unanimité concernant tout ce qui concerne l'islam. Ce qui est bien évidemment non seulement totalement faux, mais a constitué le terreau très favorable à l'éclosion et la prolifération de l'extrémisme, ainsi que du terrorisme que nous subissons aujourd'hui. Triste constat d'une oumma qui se devait d'être éclairée et éclairante, mais qui est devenue obscure et obscurantiste dès qu'elle a instrumentalisé la religion au profit de la politique. En 1998, lorsque mon frère aîné – qui est profondément laïque, contrairement à moi – est venu nous rendre visite au pays, j'ai eu une longue discussion avec lui sur ce qu’il s'est passé au pays. Il m'a dit qu'il fallait des décennies pour les historiens afin de comprendre ce qu’il s'est réellement passé en Algérie depuis l'arrêt (salutaire) du processus électoral. Etant donné que je ne suis pas un historien, mais j'adore l'histoire, je lui ai répondu à cette époque même que tout était clair pour moi. L'Arabie Saoudite était la cause principale de notre bain de sang effroyable, car je me souviens lors de la première guerre du Golfe, Chadli Benjedid – Allah yarhmou – avait, lui aussi, refusé de participer à cette coalition et avait vivement critiqué les pays arabes qui y avaient participé. Le roi Fahd, à cette époque, n'a pas manqué de déclarer qu'il s'occuperait de notre cas une fois la «Tempête du désert» finie, et il a tenu sa parole, le bougre bédouin. Aujourd'hui, quinze ans après la décennie sanglante, nous sommes toujours dans le point de mire de ces mêmes bédouins sionisés dont leur principal serviteur de l'Ouest ne cesse de nous mener une guerre sans répit à coups de tonnes de drogues et de coups bas tous azimuts. Aujourd'hui, nos «frères» et voisins, chacun à son tour et à sa façon, essaye de nous accuser de la pluie et du mauvais temps et de se démarquer, pour ne pas dire de se liguer contre nous. La position défensive que nous avons jusqu'ici adoptée n'est plus d'aucune utilité ; je dirais même qu'elle est contre-productive, voire affaiblissante. Nous devons passer à un autre stade, en nous joignant dans un premier temps au Brics afin de mettre un terme définitif à cette mascarade de l’UMA qui ne verra jamais le jour avec nous. Ensuite, nous devons faire la jonction avec l'Afrique du Sud, en travaillant ensemble sur et dans les pays africains qui sont notre profondeur géostratégique. Dans un deuxième temps, nous devons élargir et renforcer très sérieusement notre coopération militaire et économique avec les Russes, surtout dans le domaine de l'agriculture afin de bénéficier de leur technologie qui est, quoi que puissent en dire les autres, bien plus supérieure à celle des Etats-Unis qui sont en phase de décomposition inéluctable. Sans de telles mesures urgentes et indispensables, nous allons encore faire face à des problèmes bien plus grands et dangereux que ceux de la décennie noire, aussi bien sur le plan sécuritaire qu'économique. Le fait que les Saoud nous aient mis sur leur liste noire est révélateur en soi d'une intention préméditée qui pourra se concrétiser si les armes se taisent au Yémen. Il n'est plus question de tomber encore dans le même panneau de la fraternité et de tempérance qui nous a coûté la «peau des fesses». Partout dans le monde, c'est la guerre, et nous faisons partie de ce monde ; alors, nous aussi, nous sommes en guerre et nous nous devons de bien choisir nos alliances. C'est une question de survie, et la survie dans notre cas actuel est synonyme de bon choix urgent et irréfragable, comme il l’a dit lui.
A. S.
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