Bousculade de Mina : les explications de Mohamed Aïssa
Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs s’est exprimé aujourd’hui mercredi au Forum de Liberté sur la bousculade meurtrière de Mina et sa gestion par les autorités saoudiennes critiquées par plusieurs pays musulmans. Mohamed Aïssa a d’emblée précisé qu’il refuse de «politiser» cette affaire, considérant ainsi que les accidents à La Mecque ne sont pas nouveaux et que le hadj a toujours été risqué. «Le silence des autorités algériennes est dû à ce refus de politiser, à ce refus de cautionner une démarche très politicienne (…) qui est due aux différends entre deux pays (Arabie Saoudite et Iran)», a-t-il expliqué, relevant ainsi la volonté d’Alger de rester loin de la guéguerre qui oppose l’Arabie Saoudite à l’Iran sur la gestion des Lieux saints. Pour le ministre des Affaires religieuses, l’Algérie «n’est pas concernée par ce différend» et sa vision est plutôt rassembleuse du monde musulman. «Nous sommes un pays réconciliateur qui ne veut pas politiser la chose», a-t-il insisté, refusant ainsi toute remise en cause de l’autorité saoudienne en tant qu’organisatrice du hadj. «Nous ne remettons pas en cause l'autorité saoudienne dans l'organisation du pèlerinage, et nous ne remettons pas en cause le système de sécurité de Mina», a encore souligné Mohamed Aïssa pour qui l’Algérie «ne néglige pas ce qui s’est passé» dans la bousculade qui a fait que 28 pèlerins algériens soient morts. «Nous attendons les conclusions de l'enquête et ça ne veut pas dire que les autorités algériennes négligent ce qui s'est passé. On attend les résultats de l'enquête et si les résultats ne sont pas concluants, l'Algérie a le droit de revenir à la charge et on doit savoir ce qu’il s’est passé et pourquoi nous avons perdu des pèlerins de cette façon atroce et chagrinante», a-t-il ajouté. «Le bilan définitif des pèlerins décédés lors de cette bousculade nous le connaîtrons une fois tous les martyrs enterrés», a-t-il assuré. Mohamed Aïssa admet qu’il y a eu «faute humaine». Mais cette faute humaine «ne peut être imputée à l’ensemble des pèlerins qui ont emprunté la voie qui leur était réservée». «Nous savons qu'une protection a cédé ; les voies menant vers la scène de lapidation de Satan et celles qui permettent de regagner les campements sont séparées par une clôture, et une des clôtures a cédé, pourquoi elle a cédé, c'est autour de cette question que l'enquête doit être ouverte», a-t-il insisté. Il regrette que cette bousculade fasse l’objet d’une «instrumentalisation par les réseaux sociaux à des fins politiciennes», à travers des montages de séquences, affirmant que «les réseaux sont infiltrés et il y a de la manipulation et une politisation».
Rafik Meddour