Musulmans de façade

Par Daniel Youssof Leclerc – L'islam est un tout qui engage à se soumettre aux injonctions de Dieu et à se conformer aux actes et aux recommandations de Son dernier Prophète (QSSL). Quelles que soient leur doctrine (minhaj) ou leurs motivations, tous ceux qui professent la chahada (l’attestation de foi musulmane) sont à considérer théoriquement comme des adeptes de l’Islam, à tort ou à raison. Cependant, on est en droit de douter des qualités substantielles et des discours mielleux de ces musulmans de façade (fassad) qui prennent des libertés par rapport aux enseignements islamiques indiscutables. La religion que certains manifestent parfois ostensiblement n’est généralement qu’un vernis de surface qui s'écaille à la moindre éraflure. C’est le cas pour les acteurs, les musiciens, les écrivains, les sportifs et autres clowns prétendument musulmans, aussi peu pratiquants que glorieux, que les médias sollicitent de temps à autre comme tels pour commenter l’actualité, dispenser des leçons de «dine» et ânonner à qui veut les entendre des «c’est ça l’islam !» ou «l’islam, ce n’est pas ça !». On est en droit de penser que s’en remettre à l’appréciation de ces illustres inconnus pour décider du bien-fondé ou pas des règles islamiques équivaut à confier des transplantations cardiaques à des chirurgiens débutants. N’allez pas croire que ces braves gens s’inquiètent pour la réputation de leur belle religion lorsqu’ils l’évoquent promptement devant des micros ou des caméras. Que nenni ! La seule raison qui les pousse à évoquer du bout des lèvres une confession qu’ils zappent totalement lorsqu’ils sont dans leur milieu professionnel ou devant leurs auditoires, c’est le possible et insupportable amalgame. Ce qui leur importe le plus, c’est qu’on ne les confonde pas avec de véritables pratiquants, surtout avec ces islamistes qui ombragent leur carrière. On est en droit de se poser des questions sur cette déloyauté. La relative célébrité de ces «artistes» ne doit en aucun cas faire oublier leurs manquements religieux, assumés ou pas, et leur duplicité en fonction des lieux où ils se produisent. S’ils négligent ouvertement leur encombrante foi, sans honte ni remords, alors il n’y a aucune raison de les porter aux nues au moindre de leurs rares sursauts identitaires. Quelles que soient leurs indignations et leurs déclarations, fussent-elles élogieuses, elles doivent être marginalisées, car ces tricheurs ne doivent vraiment pas apparaître comme des modèles ou des porte-parole. Crûment, comme celui qui m’a amené à me convertir il y a plus de quarante ans, on est en droit de leur dire : «L’islam n’est pas une poubelle !» Quand bien même les exaltés intra et extra-muros cherchent à lui faire exprimer le contraire, l’islam des textes est éminemment tolérant, parfois jusqu’à l’extrême. «Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés», chacun peut vivre librement la vie qu’il a choisie tant qu’il n’interfère pas dans les affaires des autres. On est en droit d’espérer que le vivre ensemble soit possible si cette recommandation est respectée, dans les deux sens, et quand les dominants cesseront de tyranniser les dominés… Naturellement, en interprétant les textes à sa façon, en se référant à ses «savants» favoris et en colportant sa petite cuisine, chacun se donne à la fois raison et bonne conscience. Les «modérés» édulcorent les pratiques religieuses, estimant que certains préceptes ne les concernent pas et les «rigoristes» les exagèrent, considérant littéralement qu’il est de leur devoir de les imposer à tous, de gré ou de force. On est en droit de se demander s’il n’est pas préférable «d’avoir le cul entre deux chaises», tout bonnement parce que la vérité et la justesse se situent exactement au milieu.
D.-Y. L.

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