Manifestation à la SNVI : plusieurs blessés et des arrestations

Des milliers de travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) sont sortis aujourd’hui dans la rue pour réclamer, entre autres, le paiement à temps de leurs salaires. Après avoir marché à l’intérieur de la zone industrielle de Rouiba, les manifestants ont bloqué la route reliant Alger à Réghaïa. Des affrontements ont eu lieu avec les forces du maintien de l’ordre. On dénombre une quinzaine de blessés, selon l’un des manifestants contacté par nos soins. Les forces de l’ordre ont également procédé à l’arrestation d’une dizaine de protestataires, selon un travailleur. «Vous n’allez pas nous faire taire. Nous ne resterons pas les bras croisés alors qu’on est en train de détruire l’outil de production qui nous fait vivre», a lâché l’un des manifestants qui met en avant le fait que l’usine de production de la SNVI est à l’arrêt depuis 18 mois en raison, dit-on, d’un manque de matière première importée. Pour les travailleurs de ce complexe industriel mythique, «il y a derrière cet arrêt prolongé une volonté de couler l’usine pour justifier sa privatisation par la suite». «Non au bradage de la SNVI», «Où est le plan d’investissement ?», «Est-ce une réalité ou une utopie ?», «Les dirigeants indifférents, les travailleurs inquiets», «Celui qui lutte peut perdre, mais celui qui ne lutte pas a déjà perdu», ont scandé les manifestants qui craignent pour l’avenir de leur entreprise. «Nous avons une importante commande d’une grande entreprise publique de transport à honorer. Mais avec l’arrêt de l’usine, nous risquons de perdre ce marché important», avait tonné un travailleur qui dit ne pas comprendre l’attitude des responsables de l’entreprise. «Nous réclamons du travail. Nous ne pouvons pas continuer à venir à l’entreprise pour rester à ne rien faire parce que l’usine est à l’arrêt», scandaient les protestataires qui accusent les responsables de l’entreprise «de ne rien faire pour relancer la production et répondre au carnet de commandes assez plein. Les travailleurs de la SNVI ne sont pas à leur première manifestation. Il y a trois semaines, ils se sont rassemblés à l’intérieur de la zone industrielle pour exiger le redémarrage rapide de l’usine.» En vain. Pourtant, en novembre dernier, en s’exprimant devant les travailleurs, le PDG du groupe, Malek Salah, avait reconnu que l’entreprise accusait un retard de deux années pour satisfaire la commande de ses clients. Il avait en effet rassuré sur la prise en charge de leurs doléances et leurs inquiétudes. Si les travailleurs, près de 7 000, ont manifesté, c’est parce que la situation reste la même et qu’ils n’en peuvent plus.
Rafik Meddour