Amar Saïdani : les bourdes se suivent et se ressemblent
Par Z. Benmokhtar – Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) réagit avec goguenardise à la lettre rendue publique le vendredi 6 décembre par le général de corps d’armée Mohamed Mediene, dit Toufik, adressée à plusieurs organes de presse, dans laquelle il s’est dit «consterné» par l’annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d’Oran à l’encontre du général Hassan. Profitant d'une réunion des candidats du FLN aux sénatoriales, Amar Saïdani, comme à son habitude, réagit avec véhémence au contenu de la lettre de Toufik. Celui qui dirige le FLN estime que «le général Toufik a rendu publique sa lettre après avoir constaté que ses bras politiques, dont Louisa Hanoune et Ali Benflis, ont échoué à faire passer son message», et d’ajouter : «J’ai eu connaissance du contenu de cette lettre avant même qu’elle ne soit publiée, et ce, à travers les déclarations de certaines personnalités parmi elles Khaled Nezzar, Louisa Hanoune et Ali Benflis.» Mais les sorties inappropriées du SG du FLN tournent de plus en plus à la dérision, il s’est déjà distingué dans le passé par des attaques contre le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), à deux mois et demi de la présidentielle d’avril 2014, en l’appelant à «s’occuper des questions sécuritaires» et de «cesser de s’immiscer» dans les affaires politiques du pays. A l’époque, la réaction des principaux acteurs de la vie politique ne s'est d'ailleurs pas fait attendre et c'est le coordinateur du bureau politique du FLN, Abderrahmane Belayat, qui désavoue les propos de Saïdani, dans une déclaration faite au journal Le Quotidien d’Oran: «Nous déclarons publiquement que nous nous démarquons des déclarations de ce membre du CC qui n’engagent en fait que sa personne.» Une chose est certaine, ces sorties médiatiques sont devenues fréquentes, à tel point qu’il récidive à chaque réunion ou rencontre de son parti. Profitant d’un meeting animé à Annaba en février 2015, Amar Saïdani s'est pris à Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs (PT), la traitant «de poule qui ne pond pas et d’agent des services», pour avoir, paraît-il, critiqué le président Bouteflika, en disant de lui qu’il n’a pas tenu ses engagements. Par contre, Saïdani défend bien et sans réserve l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, mis en cause dans plusieurs affaires de corruption, et qui fait l'objet de mandats d'arrêt internationaux, tentant de le réhabiliter. «Chakib Khelil n’est pas un ministre corrompu, il a été victime d’une machination orchestrée par des "colonels au DRS", disait-il dans une interview accordée à Ennahar TV. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Saïdani réagit aveuglément à la lettre du groupe des 19 en les accusant «de rouler pour leurs intérêts». «Qui sont-ils ? Qui les a mandatés pour s’adresser ainsi au président de la République ?» s’est-il interrogé lors d’une réunion tenue à l’hôtel Riadh, à Alger. «S’ils veulent savoir si le Président est au courant de ce qui se passe au pays, ils n’ont qu’à le confirmer auprès des dizaines de présidents étrangers qu’il a reçus chez lui, à commencer par le président François Hollande.» Il est convaincu, en revanche, que parmi les signataires de la lettre existent des personnes sincères, vouées par un esprit patriotique». Mais la goutte qui a fait déborder le vase du SG du FLN est cette déclaration «étrange sur le Sahara Occidental, qui a suscité l’étonnement de la classe politique et de l’opinion publique nationale et internationale, où il a laissé entendre sur le plateau de la chaîne TV Ennahar avoir un avis qui «ne plaira pas à tout le monde», allusion faite au conflit au Sahara. Ce qui va à l’opposé des thèses soutenues par l’Algérie officielle, attachée à une solution du conflit du Sahara Occidental sous l'égide de l'ONU. Ainsi, plusieurs journaux et sites d’information marocains ont sauté sur l’aubaine et commenté les propos tenus par Amar Saïdani. Le site francophone yabiladi, connu pour ses articles de propagande contre l’Algérie, voit dans les déclarations de Saïdani «les premiers signes d’une révision de la politique de l’Algérie à l’égard du Maroc».
Z. B.
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