Malentendus corrigés ?
Par Houari Achouri – Le message posthume d’Aït Ahmed est d’une clarté remarquable et souligne l’attachement aux valeurs patriotiques et humaines qui ont accompagné sa longue vie militante : l’unité nationale est une notion sacrée et l’intégrisme, un danger mortel. C’est ce que l’on perçoit à travers le geste de son fils Yughurta refusant de serrer la main d’un Ferhat Mehenni qui, à la tête du MAK, prône le séparatisme pour la Kabylie, et à travers aussi la façon dont a été éconduit l'extrémiste religieux Ali Benhadj, ancien chef du FIS dissous, qui a été empêché de se faufiler, comme un intrus – une pratique coutumière chez lui –, parmi les fidèles au moment de la prière du mort, à Aïn El-Hammam. Et enfin, fait hautement symbolique, dont la signification n’a échappé à personne : l'emblème national a flotté durant toute la cérémonie des obsèques, depuis l'arrivée de la dépouille mortelle à Alger jusqu'à son inhumation au village d'Aït Ahmed, en Kabylie. Devant ces faits, la distance prise par d’autres démocrates et patriotes à son égard soulève aujourd’hui nombre de questions. Le FFS et Aït Ahmed étaient-ils mal compris ? Pourquoi alors Aït Ahmed s'était-il fait le défenseur du FIS ? Pourquoi s'est-il assis aux côtés d'Anouar Haddam à Sant'Egidio ? Y a-t-il eu une ambiguïté dans la ligne politique de ce parti ou, alors, notre incompréhension, tout simplement ? Pourquoi cette ligne politique après la suspension du processus électoral dont Aït Ahmed a été pourtant le premier à en révéler une des ficelles de la fraude, les fameuses enveloppes vides donnant des bulletins nuls, mais qui permettaient aux islamistes de dicter leur vote à des électeurs au préalable terrorisés et de contrôler que c’est effectivement le bulletin FIS qu’ils ont glissé dans l’urne. Faut-il le rappeler également : c’est Aït Ahmed qui a été à l’origine du sursaut des démocrates après son appel à la marche du 3 janvier 1992 qui a suivi la proclamation des résultats des élections de décembre 1991. S’il s’agit de malentendus, ils sont, visiblement, corrigés.
H. A.
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