Silence coupable
Par R. Mahmoudi – L’absence de réaction officielle à la dernière sortie de l’ex-numéro deux du FIS dissous confirme les appréhensions que nous exprimions sur ces mêmes colonnes quant à l’existence d’un (nouveau) plan d’instrumentalisation, à des fins tactiques, de la mouvance extrémiste par le pouvoir en place. D’habitude, l’Etat, à travers ses représentants les plus affichés contre l’islamisme politique, intervenait, comme dans le cas de Madani Mezrag, pour mettre le holà, dès que les excès dépassaient un certain seuil. Mais, là, ni Ouyahia, ni Sellal, ni le très discret ministre de l’Intérieur, qui est d’ailleurs de plus en plus marginalisé dans son propre gouvernement, n’ont osé commenter cette intrusion. Il y a non seulement l'absence de fermeté de l’Etat face à une très dangereuse dérive, mais on sent, surtout, comme un laxisme général inquiétant qui tranche avec le discours de circonstance, rappelé hier par le chef d’état-major de l’ANP, Gaïd-Salah, appelant à la vigilance et à la mobilisation pour la préservation de la souveraineté nationale. A moins que ce pouvoir nous prépare à d’autres concessions politiques à l’ancienne mouvance du FIS, qui seraient cette fois-ci enveloppées dans le cadre de ce patchwork constitutionnel, alors que, visiblement, il n’y a rien dans les derniers amendements qui donne de nouveaux gages à Ali Benhadj et ses acolytes. Mais toujours est-il que les promoteurs les plus zélés du projet peuvent s’appuyer, non pas sur le texte, mais sur «l’esprit» du texte (ouverture démocratique, renforcement des libertés publiques, etc.), à supposer que cela soit vrai, pour dire que la Loi fondamentale prime sur tout autre texte (la Charte pour la réconciliation nationale, en l’occurrence) et laisser ces gens activer, animer des meetings, en attendant de leur permettre, demain, de reconstituer leur parti. Peut-être est-ce cela une des illustrations du fameux «Etat civil» ou un des signes de la naissance de la «IIe République», que nous a promise Amar Saïdani, après la mort de la République.
R. Mahmoudi
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