Le procès des exécutants
Par R. Mahmoudi – Les différentes interventions des accusés dans le procès Sonatrach qui se poursuit montrent, encore une fois, les limites de la justice dans notre pays. Dans ses aveux, l’ex-PDG de la compagnie pétrolière n'arrête pas de clamer : «J'obéissais aux ordres de Khelil !», mais personne n’a l’air d’y prêter attention. Aucun responsable, aucune autorité, y compris le parquet, ne se sentent interpellés, alors que la première décision qui devait être prise, dès le début du procès, c’était d’appeler à la barre l’ancien ministre de l’Energie, au moins comme témoin. Mais tout se passe comme si Chakib Khelil était au-dessus de la loi ou – comme le tambourine Amar Saïdani – «au-dessus de tout soupçon». Le gouvernement, Sellal en tête, avait de tout temps récusé les différentes révélations publiées dans la presse sur l’implication de Khelil dans plusieurs affaires de malversations liées surtout aux marchés conclus par Sonatrach, qui était sa chasse gardée, avec des sociétés étrangères, en déniant à la presse le droit de condamner l’homme avant de le juger. Voilà que l’occasion s’est présentée. Mais il ne faut pas espérer que la justice aille chercher les têtes dans ce procès qui s’apparente, comme tous les autres d’ailleurs, à celui de lampistes qui obéissaient aux ordres. Et c’est si triste de découvrir, à l’occasion, que le PDG d’un mastodonte comme Sonatrach n’ait pas suffisamment d’autorité pour discuter ou refuser éventuellement les injonctions d’un ministre. A plus forte raison quand il s'agit de contrats douteux, comme celui pour lequel il a été condamné. Le même constat s’applique, toutes proportions gardées, au procès du général Hassan. Son supérieur au moment des faits, le général Toufik, a beau dire que son collaborateur a effectué la mission pour laquelle il est jugé sur instruction de sa hiérarchie, là encore, les juges font la sourde oreille. Ils ne veulent rien entendre d’autre que ce qui leur a été demandé d’entendre. Eux-mêmes, ils sont là pour exécuter des ordres.
R. M.
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