Mohcine Belabbas : «L’Algérie subit une régression morale»

Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, fait un constat peu reluisant de la situation générale du pays. Intervenant aujourd’hui vendredi à l’ouverture de la session ordinaire du conseil national du parti à Alger, Mohcine Belabbas assure que l’Algérie est brusquement précipitée, à l’aube de 2016, dans une crise grave et complexe où se cumulent les échecs économiques, les contraintes sociales, la crise de liquidités, la perte de confiance, la crise de légitimité et l’instabilité institutionnelle. Tout cela débouche «sur une régression morale qui brouille les repères et le sens du devoir». Le président du RCD relève que la dégradation de la situation générale du pays s’est particulièrement accélérée après la présidentielle du 17 avril 2014. «Le contexte national est exacerbé par des luttes de clans qui ont dégénéré en affrontements factieux faits de déballages irresponsables, de guerre de quolibets, de tentatives de déstabilisation des partis de l’opposition dans un contexte régional explosif», dénonce Mohcine Belabbas, pour lequel «la souveraineté de l’Etat algérien est aujourd’hui toute relative à cause, précisément, de la recherche effrénée d’appuis extérieurs dont on connaît le coût pour tenter de survivre à la crise politique interne». Pour le RCD, la rupture consommée des fragiles équilibres du système se répercute sur toutes les institutions. Les attaques médiatiques touchant maintenant d'anciens maquisards quant à leur supposée faiblesse pendant la lutte de libération sont une preuve, pour ce parti, de cette crise morale. Ainsi, «même les tabous les plus ancrés ne sont plus épargnés par la guerre que se livrent les chapelles qui avaient toutes veillé à préserver la symbolique d’une révolution algérienne transformée en fonds de commerce». Le président du RCD estime que «ces attaques inédites confirment que c’est la haine qui inspire et guide la décision politique dans le système». Et cette situation de décomposition éthique ne fait qu’accélérer le délitement de l’Etat. A ce contexte politique et moral délétère s’ajoute, selon lui, «une situation économique et sociale porteuse de légitimes colères et donc de terribles dangers». Mohcine Belabbas parle ainsi d’un réveil brutal, après l’illusion d’un développement ayant englouti plus de 800 milliards de dollars. Il regrette que dans cette situation explosive, le chef de l’Etat sort le énième projet de révision de la Constitution. «Ce n’est ni la réponse la plus adaptée à la conjoncture ni une offre politique à même de provoquer un intérêt pour un compromis fédérant les énergies autour de l’élaboration d’une matrice consensuelle», assure-t-il. Pour lui, les articles portant stigmatisation des Algériens vivant à l’étranger introduits à la faveur des amendements proposés sonnent comme la condamnation d’une frange de la société dont les compétences, les moyens et les relations peuvent permettre d’éviter un effondrement que tout annonce. Le président du RCD appelle, dans ce contexte dangereux pour le pays, tous les cadres et militants du parti d’œuvrer à remettre sur la scène publique les seules questions qui comptent pour le devenir de notre peuple, à savoir un processus politique pacifique et graduel qui restitue la parole au citoyen et qui lui redonne espoir.
Sonia Baker
 

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