Plaidoyer pour une éducation financière
Par Mohamed Benallal – L’éducation pour les enfants vaut mieux qu'un tas d'argent. Proverbe.
Par Mohamed Benallal – L’éducation pour les enfants vaut mieux qu'un tas d'argent. Proverbe.
J’étais un petit enfant vivant les douleurs et le calvaire du système tyrannique issu de la colonisation. Je voyais, je constatais, sans jamais être en mesure d’analyser les événements qui se produisaient devant moi, car ce que je voyais je faisais. Les «sous» étaient mon dernier des soucis, le centime «ancien franc» mesurait simplement ma gourmandise immédiate et éphémère en biens «caramélés» parce que la pauvreté ne me permettait pas de regarder plus loin que la bouche qui mène au ventre par un passage de délice, de gustatif. Les petits gadgets usuels sur le marché de l’époque représentaient une impertinence. Le temps va et tout s’en va ! Jusqu’à un âge où la raison prenait forme et le «centime» est devenu «dinar» pour une liberté retrouvée. Après malheurs, angoisses, misères, et tout ce qui s’en suit comme cruauté du sort. Les finances ne faisaient pas partie du lexique de notre langage du quotidien, ils ne constituaient pas non plus cette notion ou pratique d’éducation financière et monétaire, la misère ne permettait pas. Certes, nos parents faisaient attention et même trop sur tout ce qui se rapporte à l’argent, ils n’étaient pas avares, ils étaient économes et chaque «sou» était destiné pour un besoin utile et nécessaire : pas de gaspillage, c’est «h’ram». Enfant, ado ou jeune, la notion éducative des finances n’était pas présente aussi à l’école. Du bébé à môme, de môme à gamin, de gamin à garçon et à ado, et d’adolescent je devenais jeune pour embrasser mon âme sœur et cultiver un nouvel amour pour avoir la série générationnelle de mômes à cet âge que je suis, mais un plus et ça serait le plus beau des cadeaux que je puisse offrir à mes enfants et peut-être même à mes petits-enfants.
L'instruction pour les enfants vaut mieux que de l'argent. Proverbe.
Aujourd’hui, on ne fait que dire, raconter, causer et spéculer sur l’endettement dans les marchés des fruits et légumes, à la Bourse, et surtout dans des pays comme l’Algérie des années 80 et 90, de la France, des États-Unis… Avec une dette d’un pays comme l’Algérie, si on divise la dette par le nombre de ses habitants, l’Algérien était endetté en 1990 de 886 dollars, un fardeau que les jeunes de demain devront payer si ce n’était dame rente. Cet état de fait, de situation, de circonstance doit être résolu par une lutte acharnée contre l’illettrisme financier de nos enfants et de notre jeunesse. A partir de cette éléphantesque contrainte financière pesant sur leurs épaules, il est nécessaire, si ce n’est primordial, d’inculquer des notions de base à nos enfants portant sur les «sous», le «fric», «l’argent», les «finances», la «monnaie» et le «crédit», à savoir ces importantes petites notions. Faire du crédit c’est bien, s’endetter c’est mauvais. Comment faire féconder les «sous» dans la petite tirelire pour le môme, le «fric» dans l’épargne pour le jeune ado, la «monnaie» thésaurisée pour le jeune et «l’argent» pour l’investissement pour le jeune entrepreneur ? Tous ces concepts n’ont jamais fait l’objet d’une attention particulière à l’école fondamentale, pis, ils sont inconnus en classe, en étude, et à la maison comme dans la rue. Mais qui va s’en charger de les faire, pardi ? Nos enfants comme nous-mêmes quand nous étions enfants, ils sont financièrement analphabètes, ils ont autant de chances de survivre qu’en livrant bataille avec des pierres face aux fusils d’assaut, et ceci nous amène à conclure que l’avenir pour nous enfants serait bien dur et encore très dur et sans merci pour les analphabètes financièrement. Nos enfants risqueront de mener une vie de subordination et de vassalité vis-à-vis des agents économiques, des gouvernants et des créanciers, c’est vrai que le crédit est lourd et même dangereux. Le cas échéant, avec la maîtrise de la culture financière suivie des respects moraux et universels, des principes déontologiques de la «monnaie», ils pourront éventuellement sortir indemnes et surtout en mesure de la possibilité de mieux gérer les pécules. Devant cet état de fait et dans le même ordre d’idée, je vous conseille aimablement de notifier amoureusement à vos enfants et même à vos petits-enfants certaines notions :
– nos enfants devront savoir qu'ils ont un droit inhérent, instinctif et personnel à «l'argent», mais aussi par l’héritage selon les préceptes de la religion musulmane, à la richesse… peut-être plus, car chacun de nous veut à son enfant les trésors du monde qu’ils ne lui suffisent pas. Quand ils deviendront adultes, ils doivent gagner obligatoirement de l'argent pour vivre. Donner, recevoir et partager sont aussi des valeurs morales que nos enfants devront consommer et mettre en œuvre ;
– avoir droit à l’argent (halal) par la sueur (travail productif et même commercial), et non de ressembler à une sangsue en présageant d’aides, de prestations, de subventions, etc. Aujourd’hui, la rente pétrolière fait que l’Ansej et l’Angem – et autres dispositifs d’ordre social – sont implémentés pour obtenir des gains. Ainsi, les enfants grandissent en agissant ainsi comme s'ils avaient droit eux aussi à cette rente. Certains petits-bourgeois permettent inconsciemment à leurs enfants (on les désigne comme des fils à papa) d’obtenir tout ce qu'ils veulent. Cette action de permissivité renforce profondément ce sentiment de droit acquis et perturbe l’ordre social. Il est important culturellement, socialement et humainement que nos enfants sachent et que l’on fasse comprendre aussi que «l'argent» est la récompense d'un travail utile et d'un effort nécessaire. Cet apprentissage permettra à mieux responsabiliser l'enfant pour devenir un «homme» du bien ;
– les enfants doivent aussi comprendre ce que signifie l’endettement au sens large. L'endettement coûte très cher. Si vous empruntez ce chemin, il vous détruit et vous trahit, semblable aux jeux du casino ou au loto. Les premiers enseignements de la religion islamique nous montrent que l’endettement vous ramène à l’état d’esclavagisme, il vous ôte la liberté, mais aussi l’indépendance.
L'argent est une richesse morte, les enfants sont une richesse vivante. Proverbe.
Il n’y a pas seulement que l’endettement, il y a aussi l’argent de l’endettement, c'est-à-dire qu’il y a aussi le coût de l’emprunt ou de l'endettement, ce n’est pas le taux d’intérêt qui magnétise pour avoir cette envie de l’emprunt ou de l’endettement, mais bien la période de l’emprunt. C’est un amalgame trompeur qui coûte très cher, l’usure n’est pas permise en religion, contrairement au fait d’entreprendre une activité. Les prêts à la consommation ne sont pas bien pour le particulier, même si c’est un élément économique relanceur de croissance, mais inflationniste et destructeur de valeur par une hyperinflation. Le seul emprunt acceptable est l'emprunt qui permet d'investir dans un projet profitable à long terme. Le rendement généré couvrant largement les frais d'intérêt payés. Nos enfants doivent apprendre ce que sont les intérêts capitalisés (intérêts composés) et bien les maîtriser, car la capitalisation est le malheur de l’endettement, c’est aussi la force financière pour les spéculateurs à «sous». Le marché d’actions (halal) est peut-être le plus intéressant pour engranger des intérêts composés (capitalisation). Achetez les actions d’une société pouvant verser des dividendes croissants pendant plusieurs années. Ensuite, le jeu du calcul des intérêts composés ou de la capitalisation ou bien laisser les mathématiques faire leur travail. C’est le rôle des mathématiques qui est très important pour les enfants du calcul, aux maths et aux maths sup ! Cette démarche, cette façon de voir et faire les bonnes choses avec plus de discipline, d’ordre et de patience d'aller jusqu'au bout, on deviendrait riches lentement mais sûrement. Cela ne fait aucun doute, voir l'article «L’Algero-œconomicus» du Quotidien d’Orandu 16-12-2015.
Conclusion
La responsabilité de l'éducation financière de nos enfants est une obligation et un devoir. Si vous êtes parent responsable et que vous ne le faites pas, vos enfants en souffriront demain. Stimulez-les à travailler sérieux et dur et à chasser à tout jamais cette mauvaise mentalité du droit à la facilité. Apprenez-leur le calcul de la capitalisation et le pouvoir des intérêts composés et expliquez-leur les dangers de l’endettement. Alors, nos enfants et petits-enfants seront armés pour survivre financièrement aux circonstances difficiles qui les attendent. Vous leur offrirez quelque chose d'inappréciable, d’inestimable et de précieux : le pouvoir de l'indépendance. Je m’écarte un peu du sujet et je pense aux plus de 25 000 enfants isolés cherchent un refuge en Europe ; ils ont fui une inexprimable et informulable violence, perdu leurs parents et ne pensent qu’à un seul et unique espoir : trouver un toit et une sécurité sociale. L’Europe des droits de l’Homme et de la démocratie les ignore et les abandonne aux mains des trafiquants de tous bords. Voilà comment se fait la construction de ce monde, l’éducation dans son ensemble est mise en cause par cette vieille Europe. Il faut savoir que les Grecs sont à l'origine du pire des maux dont crève aujourd'hui le monde civilisé : la démocratie.
M. B.
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