Train de vie en déclin
Par Kamel Moulfi – Depuis longtemps, la nécessité de diversifier les exportations est admise par tous les intervenants dans l’économie algérienne, administration et opérateurs. Elle est remise au goût du jour à chaque crise par les experts qui alimentent de leurs réflexions les médias. Mais les analyses butent systématiquement contre le même écueil : hors hydrocarbures, l’Algérie n’a quasiment rien à placer sur les marchés extérieurs. Les exportateurs algériens n’arrivent pas à vendre un seul milliard de dollars de marchandises aux étrangers. Au contraire, c’est la tendance inverse installée de longue date qui s’approfondit et enfonce l’Algérie dans une situation de marché de consommation notamment pour les produits européens, dans le cadre de l’Accord d’association. La défaillance du secteur privé national qui n’a pas réussi à décoller, malgré l’ouverture de l’économie commencée il y a trois décennies, pousse le gouvernement à solliciter les hommes d’affaires algériens qui se trouvent à l’étranger, en multipliant les professions de foi à leur adresse sur les facilités qui leur seront offertes en tant qu’investisseurs. Mais il faudrait qu’une forte crise secoue les pays où ils prospèrent actuellement pour qu’ils soient obligés de revenir au bercail, à condition d’être sûrs d’y trouver les conditions qui leur permettent de conserver et de faire fructifier leurs fortunes, bâties sans doute à partir de l’Algérie. Aujourd’hui, le tableau des échanges extérieurs de notre pays montre un déséquilibre inquiétant : les exportations algériennes rapportent nettement moins qu’avant et les importations coûtent plus cher, même si les vis sont serrées dans ce sens. La baisse de la valeur du dinar a son impact direct sur les prix intérieurs, notamment ceux des services dans le secteur informel, non encadré, qui ont augmenté subitement. La recherche de solutions «internes» pour réduire le déficit, à travers la réduction des dépenses, et donc la diminution de la facture des importations, et la sollicitation de l’épargne nationale, pour éviter de recourir à des emprunts à l'étranger, ne montre pas encore des résultats tangibles. Pour le moment, c’est l'ensemble de l'économie algérienne qui est affectée négativement et, en conséquence, et de façon encore plus brutale, les consommateurs, qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder rapidement, ce qui les contraint à réduire leur train de vie.
K. M.
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