Menace d’invasion
Par R. Mahmoudi – Le carnage commis par les terroristes de Daech en Tunisie marque un pas très dangereux dans l’expansion de cette organisation transfrontalière qui profite de la moindre brèche pour s’y engouffrer. Notre voisin a déjà été le théâtre, ces derniers mois, de plusieurs attentats meurtriers, mais celui perpétré contre des cibles militaires à Ben Guerdane, près de la frontière avec la Libye, résonne comme une menace d’invasion qui met tous les pays de la région en alerte. Lorsque c’est le chef de l’Etat tunisien, Béji Caïd Essebsi, lui-même qui le dit, la chose doit être prise très au sérieux : les terroristes voulaient proclamer un «émirat» dans cette province pour partir à l’assaut de tout le pays et, partant, de toute la région du Maghreb et au-delà. En Syrie, l’implantation du Front Al-Nosrah, premier groupe d’obédience djihadiste, s’est fait de la même manière, à Baba Amr, avec l’aide des services secrets britanniques et français. Cet émirat a été démantelé par l’armée syrienne, mais la ramification de groupes et de ses émules de Daech et d’Ahrar Cham s’est propagée comme une gangrène dans une vaste partie du pays. C’est pourquoi les deux pays frontaliers de la Libye, que sont la Tunisie et l’Algérie, sont appelés à redoubler de vigilance pour parer à toute incursion terroriste, maintenant qu’ils ont la certitude que le territoire libyen n’est plus contrôlé et que, finalement, même une intervention militaire internationale coordonnée ne saurait venir à bout de cette pieuvre qui a tendu ses tentacules partout. Au contraire, elle risque de démultiplier les foyers djihadistes dans toute l’Afrique du Nord. Il est clair que seul le rétablissement d’une autorité politique viable en Libye peut remédier à la situation chaotique qui y perdure depuis plus de quatre ans. Mais qu’ont fait les grandes puissances pour la reconstruction de ce pays, après l’avoir détruit ? Rien ou si peu de choses. On imagine le pire, car il y a fort à craindre que les va-t-en-guerre, français surtout, utilisent ce nouveau massacre en Tunisie comme alibi pour plaider de nouveau l’«inévitable» intervention militaire étrangère.
R. M.
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