Que cache cette colère ?
Par Kamel Moulfi – La photo du président Bouteflika postée sur Twitter par Manuel Valls a déclenché de la part des officiels algériens une avalanche de réactions qui cachent quelque chose. Quoi ? La virulence de la réaction d'Ouyahia est étrange (voir article par ailleurs). Elle est symptomatique et accrédite l’idée que, dans cette affaire, il y a anguille sous roche. Il y a, visiblement, une action concertée pour faire feu sur le Premier ministre français le lendemain même de sa visite à Alger. Que s'est-il passé lors de cette visite, hors caméras, que l'opinion ne sait pas ? L’arrivée à Alger de Manuel Valls a été, certes, précédée d’une mini-crise centrée sur les médias : publication tendancieuse par Le Monde d’une photo du président Bouteflika (déjà) pour illustrer le scandale appelé «Panama Papers» qui a éclaboussé le ministre Bouchouareb, et réaction officielle de l’Algérie et refus de délivrer les visas aux journalistes du Monde qui devaient accompagner Valls. Et après la visite, encore la publication, comme un acte de provocation cette fois, de cette photo du Président qui le montre affaibli. Alger et Paris auraient pu réagir pour minimiser les faits et qualifier la situation de «tempête dans un verre d’eau». D’autant que le séjour de Valls paraissait sans problème. Le Premier ministre français s’est prêté volontairement, comme tous les autres, au rituel de la rencontre avec Bouteflika, suivie de son témoignage favorable sur l’état de santé du Président. Pourquoi a-t-il ensuite twitté sur son compte une image censée prouver le contraire ? Venu les mains vides, reparti les mains vides ? Est-ce le bilan de sa visite qui l’a poussé à agir d’une façon jugée, pour le moins, malveillante par Alger ? Ouyahia est allé plus loin en parlant de complot ourdi à Paris. Pourtant, une part belle est faite à la langue et à la culture de l’ancien colonisateur, le français étant réintroduit en force dans l’enseignement et son usage, abusif même, dans les discours publics des personnalités officielles, particulièrement les membres du gouvernement. Quant à la culture française, elle est partout dans notre pays. La vérité est, peut-être, que les dirigeants français veulent les marchés algériens à la mode néocoloniale.
K. M.
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