Visite «privée» ?
Par M. Aït Amara – Le transfert du chef de l’Etat à Genève pour y subir des contrôles médicaux pose l’épineux problème de la dépense publique. Le communiqué officiel de la présidence de la République précise bien que «Son Excellence, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a regagné le pays, ce vendredi 29 avril 2016, après une visite privée à Genève, durant laquelle il a effectué des contrôles médicaux périodiques.» Si sur le plan stricto sensu du protocole qui régit les voyages des personnalités officielles à l’étranger, cette précision vise à lever toute équivoque et à faire comprendre à l’opinion publique que le président Bouteflika ne s’est pas rendu en Suisse dans un cadre «officiel», elle ne lève cependant pas le voile sur les modalités qui accompagnent ce genre de déplacements. Le Président est-il pris en charge par le contribuable ou, la visite étant «privée», les dépenses afférentes au voyage, aux soins et au séjour sont-elles à sa propre charge ? L’opacité qui caractérise les dépenses publiques a toujours existé. Une méthode de gestion de l’argent public héritée du système français où certaines institutions, notamment l’Elysée et le Quai d’Orsay, disposent d’une caisse noire soumise à l’entière et exclusive discrétion du Président et du ministre des Affaires étrangères. Calquée donc sur la France, cette gestion opaque des deniers publics par la Présidence et par les Affaires étrangères dans les années 1970 semble être toujours de mise quarante ans plus tard. En France, Nicolas Sarkozy a décidé de supprimer les caisses noires dès son accession, vu les suspicions suscitées par cette façon de manipuler l’argent du peuple dans le secret. On se souvient que lors de ses nombreux déplacements à l’étranger, le président Bouteflika ne lésinait pas sur les moyens, allant jusqu’à acheter inutilement un Airbus A340 spécialement aménagé et dont le prix se chiffre à plusieurs centaines de millions d’euros, en prévision de ses «futurs» voyages, avant que la maladie l’en empêche. L’avion est, depuis, cloué au sol et son entretien par le GLAM, le Groupement de liaisons aériennes ministérielles, revient extrêmement cher au Trésor public. Jamais l’Algérie n’a gaspillé autant d’argent que sous le règne de Bouteflika. Pour quel résultat ?
M. A.-A.
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