Entraves au MDS : le silence complice de «l’opposition» à Bouteflika
Il a tenu son congrès en plein air, contre vents et marées, malgré la dérobade de l’Administration en infraction… Le MDS dénonce à présent l’absence de solidarité des formations d’opposition. En effet, aucune d’elles ne lui a apporté son soutien, aucune voix ne s’est levée dans ce camp pour dénoncer le piétinement de décisions de justice, pour défendre la grave atteinte à cette manifestation inespérée de l’Etat de droit, pour protéger les balbutiements de la démocratie dans notre pays.
A quelques exceptions près, la presse non plus ne s’est pas fait l’écho des entraves à l’activité du MDS. Trop peur de se «mouiller» sans doute, de s’attirer les foudres de quelques officines, de se voir couper les vivres…
Faut-il rappeler à tout ce beau monde qui se drape aujourd’hui dans des postures d’opposants ou de commentateurs de la vie politique, que les acquis du pluralisme et de l’expression démocratique, aussi maigres soient-ils, ont été arrachés un jour d’octobre 88, au prix d’une répression abominable ciblant en priorité les militants du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) lien historique de l’actuel MDS ?
Son coordinateur national, Hamid Ferhi, a raison de voir dans cette absence de solidarité «une caution à la démarche du pouvoir qui veut annihiler toutes les sensibilités qui ne sont pas d’accord avec sa stratégie incarnée par la concorde civile et la réconciliation nationale», (El-Watan du 11 mai 2016). Il a mille fois raison d’affirmer que l’on veut faire payer à son parti «le refus de toute compromission avec le pouvoir et avec les islamistes car il est aujourd’hui le seul à être dans cette ligne».
Là est, à n’en point douter, la vérité ; celle qui pointe les très probables arrangements en coulisses, les alliances de circonstances, les pactes troubles et, surtout, l’incapacité d’une opposition de salon à assumer de véritables lignes de rupture avec ce système diabolique qui se nourrit de la rente et de la corruption, encourage l’instrumentalisation désastreuse de la religion.
Disons-le tout net : le silence des formations dites d’opposition et d’une grande partie de la presse qui se targue d’indépendance devant les obstacles que rencontre le MDS participe du même déni de démocratie que l’on reproche au régime d’Abdelaziz Bouteflika. Un déni que ce dernier et son clan ont au moins le mérite d’assumer.
Ce silence-là discrédite tous les beaux discours dont on se gargarise régulièrement en rang d’oignons. Beaux mais creux, au point d’amuser tout au plus la classe dirigeante qui ne trouve aucune difficulté à s’enraciner.
Nadjib Touaibia