Grèves en attente
Par Kamel Moulfi – A la veille des examens de fin d’année scolaire et à quelques jours du mois de Ramadhan, le climat social commence à se mettre en ébullition. Le battage médiatique de l’UGTA, inscrit dans le discours officiel du «tout va bien», démenti pourtant par les chiffres des «technocrates» du gouvernement, n’est pas parvenu à désamorcer le mouvement revendicatif qui a connu un durcissement inattendu chez les cheminots, comme s’ils prenaient le relais des enseignants contractuels qui, eux, guettent sans doute le moment propice pour se manifester à nouveau. Le spectre du péril extérieur, que personne ne conteste, suggérant qu’il faut mettre de côté autant les demandes sociales brandies par les travailleurs que les critiques politiques formulées par les partis d’opposition, et donc plutôt renforcer le «front intérieur» en faisant le silence sur tout ce qui ne va pas, n’a pas trouvé d’oreille attentive auprès des mécontents. Dans le débat à une seule voix, c'est-à-dire le monologue qui n’en finit pas de décortiquer la crise et de suggérer les mêmes remèdes «impopulaires» appelés réformes, les grèves sporadiques dans différents secteurs rappellent qu’il y a une autre voix, celle d’«en bas», criée par ceux qui ne veulent pas subir les effets catastrophiques des mesures élaborées en cercle fermé d’«experts» qui, loin d’être indépendants, ne feront que traduire les «suggestions» des décideurs politiques ouvertement soufflées à leurs oreilles. Les grévistes et autres frondeurs tentent de convaincre que leur but n’est pas de créer des problèmes ; au contraire, ils cherchent à résoudre ceux auxquels ils sont confrontés et, ainsi, contribuer au «front intérieur». Mais, en face, dans l’administration et les rouages du pouvoir, c’est la sourde oreille, comme le prouve la situation dans le secteur des finances où une grève de trois de jours est annoncée à partir du 24 mai (voir article). En lisant cet article, on apprend – selon la Fédération des travailleurs de ce secteur, qui est la seule à s’être exprimée sur le sujet – qu’une plateforme de revendications socioprofessionnelles a été remise à la tutelle depuis plusieurs semaines, à laquelle aucune suite n'a été donnée. Le scénario est le même dans d’autres secteurs.
K. M.
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