Qui a permis à un journaliste israélien d’enquêter en Algérie ?
Le journal israélien Maariv a publié un long reportage sur la situation politique en Algérie. S’il n’est pas à son premier «tir» sur notre pays, ce journal a, cette fois-ci, pu faire le terrain. En effet, le reportage a été signé par son «envoyé spécial» en Algérie, Gideon Kutz, une signature bien connue. Ce juif israélien, très actif auprès du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a pu donc avoir le plus normalement du monde son visa et se pavaner dans les rues d’Alger à la rencontre de qui il veut, sans qu’il soit inquiété. Certes, Gideon Kutz a été ramené dans les valises du Premier ministre français, Manuel Valls. Mais l’Algérie, indépendante depuis 1962, est souveraine. Les autorités pouvaient refuser le visa au correspondant de Maariv comme elles l’ont fait aux journalistes du Monde. Cela n’a pas été fait. Et Gideon Kutz a pu accomplir sa «mission» en toute quiétude, revenant ainsi sur l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika qu’il considère comme «finissant». Gideon Kutz a affirmé que les Algériens sont «inquiets» de la situation générale du pays et «désespérés» de la situation politique. Il a aussi abordé dans son article la situation sécuritaire du pays avec la continuité des actes terroristes sans grand impact médiatique. Gideon Kutz affirme que le ministre de l’Intérieur, Norreddine Bedoui lui avait dit que la guerre contre le terrorisme doit être menée avec tous les pays du monde, sans exception aucune. Le journaliste israélien affirme que le même ministre lui avait précisé que l’Algérie n’est pas prête dans le contexte actuel à coopérer avec l’Etat d’Israël. Il enchaîne en reprenant en citation qu’il attribue à Bedoui : «Il faut d’abord régler vos problèmes avec les Palestiniens.» Le journaliste israélien dit avoir eu à rencontrer le président Bouteflika une fois en France avec lequel il a eu à parler de la question palestinienne. Gideon Kutz a évoqué la question du Sahara Occidental et les tensions qu’elle génère entre l’Algérie et le Maroc mais aussi l’agacement des autorités algériennes par l’alignement total de la France sur la position marocaine. Dans son long article, il décrit un pays en souffrance, qui cherche le chemin à suivre. Gideon Kutz est très connu en France. Il est le correspondant et chef de bureau en France de plusieurs chaînes de radios et télévisions israéliennes dont la radiotélévision publique israélienne IBA. Il est l’un des fervents défenseurs du sionisme mondial. Sa présence en Algérie ne reflète assurément pas l’engagement du peuple algérien envers la cause palestinienne. Mais une question mérite d’être posée : comment et pourquoi ce journaliste a-t-il pu obtenir le visa qu’on a refusé à d’autres ?
Sonia Baker