Hollande sort le chéquier
Par R. Mahmoudi – La France, est-elle en train de se «tiers-mondiser» petit à petit ? Face à l’ébullition sociale qui s’est déclenchée depuis plusieurs semaines contre la loi travail et qui a pris des proportions alarmantes, et craignant une véritable insurrection à la manière des «printemps arabes», les dirigeants de cette quatrième ou cinquième puissance économique mondiale ont trouvé la parade pour désamorcer la crise. A quelques jours de la Coupe d’Europe de football qui se joue en France, le gouvernement recourt à la vieille méthode des régimes du tiers-monde : acheter la paix sociale. C’est ce qu’a décidé de faire le président François Hollande, en rendant 134 millions d’euros de crédits aux chercheurs et en déboursant un milliard d’euros pour la revalorisation des salaires des enseignants. Au lieu donc d’affronter les problèmes et d’essayer de les résoudre en concertation avec les partenaires sociaux, les socialistes français, pris dans le piège de l’ultralibéralisme auquel ils ont grandement contribué, préfèrent les bonnes recettes des gérontocraties des pays du Sud – toute proportion gardée – qui puisent dans les caisses de l’Etat et, parfois même, dans les fonds souverains, pour calmer momentanément les tensions sociales. Alors que les problèmes de fond d’ordre doctrinaire ou politique qui sont à l’origine du marasme sont à peine effleurés dans les discours officiels : la précarisation du travail, la perte des acquis sociaux due au désengagement de l’Etat, les disparités fiscales, etc. Les dirigeants français ont bien reçu le message des manifestants, mais ont surtout bien compris que ces manifestations insurrectionnelles, que seuls les médias acquis aux thèses du système ont réussi à minimiser auprès de l’opinion publique, sont aussi un signe de désaveu criant de toute la classe politique française, trop occupée, dès aujourd’hui, à préparer les prochaines élections et à assurer sa propre succession. C'est-à-dire un peu comme chez nous…
R. M.
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