Mékidèche : «Les prix des carburants doivent encore augmenter»
Le vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), Mustapha Mékidèche, appelle à plus d’efforts pour juguler la crise économique. Il considère que beaucoup reste à faire pour tirer la machine économique vers le haut et, surtout, pour préserver les équilibres intérieurs et extérieurs. Le vice-président du Cnes estime que certains produits qui sont toujours subventionnés ne sont pas suffisamment chers pour faire baisser la consommation comme, par exemple, le carburant. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III, le vice-président du Cnes a ainsi appelé à une augmentation plus conséquente du prix du carburant afin qu’il se rapproche de sa valeur réelle et, surtout, que l’on réduise le «gaspillage». Mékidèche estime qu’il est impératif de «mettre à plat le système des subventions». En plus du carburant, Mékidèche demande également la révision à la hausse des prix de l’électricité, du gaz et de l’eau. Il appelle aussi à prendre en main la question du «gaspillage dans la dépense publique». Le vice-président du Cnes souligne que le déficit commercial qui se creuse va dépasser toutes les prévisions. Estimé à 25 milliards de dollars, ce déficit va atteindre les 30 milliards, et peut-être même qu’il les dépassera. Il considère ainsi urgent de faire le bilan des «réformes» effectuées depuis 2014, au lendemain de la chute des prix du pétrole. «Cela fait deux ans que la crise a commencé. Qu’a-t-on fait ?» a-t-il soutenu, rappelant que le gouvernement avait sous-estimé l’ampleur de la crise. Le vice-président du Cnes juge «insuffisantes» les mesures entreprises jusque-là. Il rappelle que le traitement du dossier du foncier industriel a été décentralisé et confié directement aux walis. Ce n’est pas pour autant que le problème d’accès a été réglé. Il parle aussi des mesures incitatives à l’investissement qui méritent d’être appliquées avec rigueur. Pour Mustapha Mékidèche, la crise pétrolière risque de durer très longtemps et l’Algérie a tout intérêt à mettre en œuvre des réformes afin de créer une économie de substitution. Il affirme que le pays a plus que besoin d’une croissance économique à deux chiffres en dehors des hydrocarbures. Revenant sur le nouveau modèle économique débattu lors de la tripartite, Mustapha Mékidèche estime que le plus important réside dans l’effectivité de sa mise en œuvre. Selon lui, le gouvernement a mis du temps pour prendre des mesures visant à rationaliser les dépenses. Il fait remarquer que «ce n’est qu’à l’occasion de la loi des finances de 2016 qu’a été véritablement prise en compte l’ampleur de cette dernière dont le premier élément a été illustré par la contrainte budgétaire». Le vice-président du Cnes relève que la «capacité de résilience» de l’Algérie a diminué de moitié. Ce qui contraint le gouvernement à trouver d’autres moyens d’«allumer d’autres moteurs de croissance» pour mobiliser d’autres ressources budgétaires. Pour lui, c’est une question de survie de l’Etat.
Sonia Baker
Comment (46)