Du bruyant Saïdani au loufoque «Spécifique» ou la tendance à la «clownisation» de la scène politique
La sanction prise contre le tonitruant et atypique député Tahar Missoum dit «Spécifique», par le président de l’APN, qui lui interdit désormais toute prise de parole à l’Assemblée après ses dernières tirades contre le ministre de l’Industrie, fait remonter à la surface la triste réalité de la pratique politique en Algérie, clochardisée et livrée aux saltimbanques du verbe et aux charlatans. C’est même devenu un trait caractéristique d’un segment important de la classe politique algérienne. D’un côté, nous avons des bouffons de la cour qui sont promus aux premières loges et qui, pour plaire à leur maître, se surpassent en pitrerie : Amar Saïdani, le patron du FLN, détient sans doute la palme en la matière. Sous couvert de «franc-parler», il se permet d’injurier, de diffamer ses adversaires politiques dans l’impunité totale, tout en se plaçant en tête des flagorneurs les plus zélés du président de la République, dont il a réussi à s’imposer comme le véritable porte-parole. Outre l’illuminé Tahar Missoum, alias «Spécifique», qui incarne aujourd’hui une bonne partie de ces nouveaux élus recrutés dans les milieux d’affaires, à l’image de l’imposant Baha-Eddine Tliba ou du roublard Mohamed Djemaï, propulsés à des postes de responsabilité au sein de l’Assemblée, il y a le cas Rachid Nekkaz. Depuis la dernière élection présidentielle, ce dernier, lui aussi homme d’affaires, est présent dans toutes les luttes sociales, allant jusqu’à faire de l’ombre aux partis et au mouvement social. Ses interventions et prises de parole attirent des foules avides de spectacle. Contre Chakib Khelil, puis contre Abdesselam Bouchouareb, il réussit à chaque fois à dédramatiser, avec ses galéjades à la Dreyfus, des situations explosives. Un peu comme l’a fait avant lui l’ex-leader du RCD, Saïd Sadi, dans sa célèbre mise en scène sur le capot d’un véhicule de police, en 2011, en plein «Printemps arabe».
R. Mahmoudi
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