Brexit-FMI : ce casse-tête auquel nous faisons face
Par Ahcène Moussi – Le 52% du Brexit est vu par le monde comme un tremblement de terre de 20 degrés sur l’échelle de l’UE qui en compte 28. Ce séisme, dont l’épicentre est situé à Basildon, a été ressenti sur une superficie de 4,5 millions de km2. Ce sont quelque 508 millions d’Européens qui sont menacés aujourd’hui. L’urgence à cette situation catastrophique n’est plus à démontrer. La finance est fiévreuse et la livre tremble et chute. L’heure est à la recherche de la meilleure stratégie pour sauver ce qui reste. Monsieur Hollande a pris la parole pour informer du triste sort de son peuple. Madame Merkel pense que l’Europe traversera une période inhabituelle de turbulence, mais rejette cet excès de pessimisme relevé chez ses collègues du Vieux Continent. Elle croit pouvoir inverser la tendance. Même les Américains sont de la partie, puisque Monsieur Obama a envoyé en urgence John Kerry, à Bruxelles, s’informer de la gravité de la situation. Les Britanniques ne savent plus où donner de la tête. Monsieur Cameron renonce à son poste de Premier ministre, «démocratie oblige». Madame Marine Le Pen se frotte les mains, au même titre d’ailleurs que Monsieur Boris Johnson, qui venait de perdre la mairie de Londres pour gagner certainement gros : le poste de Premier ministre du Royaume-Uni. A moins que ce rusé journaliste Michael Gove ne le double, étant plus rapide à l’action. Entre-temps les peuples de la région rêvent d’un nouveau référendum, car craignant le retour aux deutsche, franc, peseta, lire, escudo etc. L’Algérie, pour sa part, continuera à suivre attentivement les développements de cette question, selon les dires du porte-parole du ministère des Affaires étrangères. N’est-il peut-être pas plus urgent que de suivre d’abord et avant tout l’évolution de la situation politique, sociale et économique chez nous ? Au train où vont les choses, avec ces coups de force du gouvernement, nous ne tarderons pas à porter des muselières, pour que personne ne parle à personne. Nous assisterons par ailleurs à la disparition de notre presse indépendante. Notre casse-tête est certainement beaucoup plus important que ce Brexit anglais ! Nos indicateurs économiques sont tous dans le rouge, aujourd’hui. Notre déficit de 30 milliards de dollars attendu pour 2016 nous donne la chair de poule, surtout quand on sait que notre fonds de régulation des recettes va bientôt signer son acte de décès et que nos réserves de change chutent à la même vitesse, sinon plus vite que notre dinar. C’est vrai que notre casse-tête est beaucoup plus complexe que ce Brexit. Nous n’avons qu’à revoir ce rassemblement contre l’insécurité et l’impunité qui a été observé devant le tribunal de Tizi Ouzou, ou encore ces deux épisodes de violences qui se sont déroulés, il y a deux jours, le premier à Annaba et le second à Ifarhounène, avec en sus des magasins et des véhicules saccagés, ainsi que des arrestations. Non, ce Brexit n’est pas aussi prioritaire que ce contexte social de plus en plus tendu, chez nous, résultat de cette maudite crise économique qui nous aime et qui a choisi de s’installer, à titre permanent dans notre pays, par la grâce de nos gouvernants. Le temps des milliards de dollars et des euros, qui pleuvaient de partout, est révolu. Le pétrole à 140 dollars, ou même à 60 dollars le baril est maintenant une utopie. Et bien, dansons maintenant ! Les Britanniques ont les moyens de leur politique pour faire avec leur Brexit. La question est de savoir si les Algériens s’en sortiront avec l’arrivée prochaine du FMI, qui n’hésitera pas à nous imposer son diktat. Nos dirigeants n’ont pas su profiter, au moment de l’aisance financière, pour engager des réformes économiques par la diversification des investissements. C’est dans les grandes difficultés et dans la panique qu’ils ont commencé à explorer certaines alternatives qui n’ont absolument rien donné, vu leur aspect provisoire et non consensuel. Bienvenue, donc, au FMI et à sa logique de régression sociale. Ce FMI qui n’a pas de moral ni de sentiments viendra pour nous imposer sa complexe démarche, qui consistera à privatiser à tout va, à comprimer nos dépenses publiques et nos budgets sociaux, à ouvrir nos entreprises pour des sociétés étrangères qui en profiteront, à renoncer à beaucoup de nos projets d’investissement, à abandonner les subventions et les protections allouées aux handicapés et aux populations pauvres, etc. C’est à cette ultime solution que nous aboutirions au cours de l’année 2017. Nous voici donc revenus au point de départ, avec ce vrai casse-tête du FMI, qui nous accompagnera pendant les dix ou quinze prochaines années.
Ahcène Moussi
Président de la Mouvance migratoire Ô Canada
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