Les vraies raisons de la panique
Par Kamel Moulfi – Le communiqué diffusé hier par le ministre Grine à propos de l’autorité de régulation de la presse écrite semble porté par un vent de panique. Il y a de quoi s’interroger sur l’opportunité d’un tel démenti qui vient en même temps qu’un autre communiqué censé justifier les «mises en demeure» lancées contre les chaînes de télévision privées. Il est clair que l’autorité de régulation de la presse écrite prévue dans la loi sur l’information de janvier 2012 pose un sérieux problème au pouvoir. Elle ne cadre pas avec la démarche de mise au pas des médias, dictée dans l’urgence par les difficultés que rencontre le pouvoir aux plans politique et économique et qui ont de graves répercussions dans la société. Les journalistes qui ont entendu Grine parler, lundi à Tipasa, de cette instance et de son installation en septembre, ont «mal entendu». Il n’en a jamais rien dit, affirme le communiqué du ministère. La source de ce cafouillage est certainement à chercher dans la volonté, de plus en plus évidente, de procéder à un remodelage du paysage médiatique pour neutraliser ses segments indépendants, voire «rebelles». Elle s’est traduite dans la façon grossière de s’attaquer au groupe El-Khabar puis au quotidien El-Watan, et dans l’offensive sélective contre les chaînes de télévision privées pour imposer un comportement docile à celles qui seraient tentées de poursuivre dans la liberté de ton qu’elles ont montré depuis leur irruption dans le champ audiovisuel algérien. Le recours, subitement, à la loi dans cette opération liberticide confirme que les arguments juridiques ne sont que des prétextes destinés surtout aux organisations internationales, comme la FIJ (Fédération internationale des journalistes), qui ont commencé à protester et pourraient faire capoter la mission confiée à Grine. Le pouvoir veut empêcher les médias d’amplifier les voix discordantes, alors que le pays s’apprête à entrer dans une année électorale. Dans cet esprit, une autorité de régulation de la presse, élue par les journalistes, est mal venue.
K. M.
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