RCD : «Jamais l’intégrité du pays n’a été aussi menacée»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratique (RCD) prévient contre les graves menaces qui pèsent sur le pays. Dans un communiqué sanctionnant la session mensuelle du secrétariat national, le RCD souligne que «l’Algérie n’est plus seulement une proie qui exacerbe les luttes de clans et les appétits des factions ; les déséquilibres régionaux flagrants et les injustices alimentent le sentiment d’exclusion d’une jeunesse vouée au chômage ou à l’expatriation». Il estime que «jamais l’unité de son peuple et l’intégrité du pays n’ont été aussi menacées depuis le recouvrement de l’indépendance, y compris pendant la période noire du terrorisme qui a, au demeurant, suscité la mobilisation citoyenne pour la sauvegarde de l’Etat républicain». Le RCD décrit ainsi «un pays livré à des menaces multiples que la fin de règne chaotique de Bouteflika lègue aux Algériennes et aux Algériens».
Le parti dirigé par Mohcen Belabbès revient sur les atteintes aux libertés et l’obsession d’organiser une succession en vase clos qui garantit la pérennité de la mainmise des clans au pouvoir sur le pays. Cette obsession est pour cette formation «incompatible avec le maintien des quelques espaces chèrement arrachés et exhibés, il y a peu, comme un faire-valoir démocratique». Le RCD estime que «le verrouillage projeté de la vie publique qui compromet et engage la mise au pas des médias privés, qui continuent de refuser de monnayer leur ligne éditoriale, augure des lendemains incertains». Il réitère, à cette occasion, sa solidarité avec le collectif des journalistes d’El-Khabar et appelle à «la libération inconditionnelle des personnes poursuivies par la justice» dont leur détention provisoire est «aussi injuste qu’anachronique». Le RCD a commenté également «l’adoption à la hussarde par un Parlement, de surcroît illégitime, de lois restreignant l’exercice d’une catégorie du peuple algérien de ses libertés, les militaires à la retraite en l’occurrence, ainsi que de nouveaux dispositifs liberticides». Pour ce parti de l’opposition, le pouvoir prépare «les futurs hold-up électoraux», en optant ainsi pour l’«isolement». «Une obstination qui explique, on ne peut mieux, le rejet de la proposition de l’opposition portant sur la création d’un organe national de gestion électorale indépendant à même de protéger la transparence et la probité des suffrages», soutient le RCD qui exprime ses inquiétudes quant à l’érosion grandissante du pouvoir d’achat de larges couches de la population qui «n’est pas le résultat direct de la crise financière, encore moins, une fatalité économique». «Elle résulte du choix du gouvernement de faire supporter sa gabegie et ses errements aux couches les plus fragiles telles que les salariés, les retraités et la jeunesse», dénonce le RCD qui accuse le patronat privé de vouloir l’accaparement au grand jour de la commande publique et le pillage des ressources de la nation. Pour celui-ci, cela est un signe de l’accélération de la désagrégation de l’autorité de l’Etat. Le RCD dénonce, en outre, «la persistance de la répression contre les syndicats autonomes et leur exclusion des réunions tripartites, en violation des lois en vigueur». Cela fausse le dialogue social. Le RCD estime que les travailleurs qui ont accompli les années légales de cotisations ont le droit de postuler à la retraite sans condition d’âge.
Sur le registre économique, le RCD considère que le nouveau modèle pour sortir d’une économie de rente, maintes fois évoqué, ne semble être qu’une éternelle recherche d’argent frais pour limiter les ponctions dans le Fonds de régulation des recettes. «L’échec des tentatives de réintégrer l’argent de l’informel et celui de l’emprunt obligataire qui vire désormais à des injonctions administratives aux assurances, aux banques et autres caisses, comme la CNR, démontre que sans projet et vision économique, il est vain de prétendre mobiliser les capitaux et les forces vives du pays», assure ce parti pour lequel «le gouvernement n’a d’autre ambition que de passer le gué en consolidant son budget de fonctionnement pour continuer à subventionner la paix sociale et entretenir ses clientèles, allant jusqu’à l’annulation pure et simple de projets programmés (CHU, pétrochimie, rail…)».
Sonia Baker
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