Les islamistes algériens joignent leur voix à celle de Youcef Al-Qaradawi et font corps avec Erdogan
Les leaders de la mouvance islamiste en Algérie et ailleurs ont été unanimes à condamner la tentative de coup d’Etat menée par des militaires contre le président Turc Recep Tayyip Erdogan et à lui exprimer leur solidarité. Non qu’ils soient mus par des considérations démocratiques, mais parce qu’ils voient en le chef d’Etat de l’ancien Empire ottoman un modèle de réussite pour la mouvance islamiste pour tous les pays musulmans et son débarquement du pouvoir aurait mis fin à cet idéal.
Le premier à ouvrir le bal est le commanditaire idéologique de toutes les démarches qui ont déstabilisé de nombreux pays, tels que la Syrie, l’Irak, la Libye et le Liban, à savoir le prédicateur égyptien Youcef Al-Qaradawi. Ce dernier a vite réagi à ce qu’il qualifie de «dérive autoritaire» qui «vise la démocratie et l’indépendance de la Turquie». «Nous sommes avec la Turquie et son peuple parce que nous sommes avec la justice, le droit, la liberté et la gouvernance démocratique et contre l’autoritarisme, le sous-développement, la corruption et le pouvoir militaire», a-t-il posté sur son compte Facebook. Al-Qaradawi a, dès l’annonce de l’opération de coup d’Etat, appelé le peuple turc à occuper la rue pour défendre le président Erdogan.
Les islamistes algériens, qui ont pour modèle l’AKP d’Erdogan – dont certains ont calqué le nom de leur parti sur le sien –, ne peuvent qu’exprimer leur soutien au président turc et applaudir l’échec du coup d’Etat parce qu’il a ciblé leur «référent» politique. Les islamistes algériens commencent ainsi à réagir.
Dans un communiqué signé par Abderrezak Mokri, le MSP a dénoncé de manière énergique cette «tentative de coup d’Etat militaire» contre la «démocratie» et «les choix d’une nation». Le MSP a salué, dans ce sillage, la «position du peuple turc» qui a «vite réagi en sortant dans la rue et en empêchant les putschistes d’accomplir leur mission». Cette formation islamiste considère, ainsi, que l’échec de ce coup d’Etat est une «leçon pour les pays arabes» et pour tous ceux qui recourent à cette méthode pour prendre le pouvoir.
Pour le Front du changement (FC), une copie du Mouvement de la société pour la paix (MSP), dirigé par Abdelmadjid Menasra, il s’agit d’une tentative de coup d’Etat contre la volonté populaire. Ce parti se félicite de la réaction du peuple turc qui s’est dressé contre les putschistes et qui a défendu celui qu’il a «démocratiquement élu». Le FC a également relevé l’attitude «sage» et «responsable» de l’opposition turque qui a refusé de «cautionner un coup de force». Ce parti appelle les autorités algériennes à se liguer contre les putschistes où ils se trouvent et à ne reconnaître que la légitimité constitutionnelle.
Le chef de file du MSP, branche algérienne de la confrérie des Frères musulmans égyptiens, le député Hassan Aribi et les autres représentants de l’islam politique en Algérie ne peuvent que prendre la défense du président turc qui constitue, actuellement, leur source d’inspiration et dont ils tirent leur force après l’échec cuisant des Frères musulmans à prendre possession durablement du pouvoir en Egypte.
Sonia Baker
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