La manne des œuvres sociales et le sacrifice
Par Noureddine Bouderba – La manne que constituent les cotisations sociales et les œuvres sociales représente un véritable intérêt pour les groupes financiers et affairistes de tout genre. L’historien Robin Blackburn l’a énoncé dans l’article majeur qu’il a consacré à l’histoire de la privatisation des retraites : «Mettre la main sur la masse des salaires mondiaux est l’aspiration ultime du capitalisme financier.»
Ainsi, les cotisations de retraite attirent les «hommes d’affaires» qui nous proposent, relayés par des experts au-dessus de tout soupçon, de les investir dans un marché financier inexistant ici et qui, ailleurs, a englouti plus du quart des actifs des retraites. Nos capitaines d’industrie ont de leur côté, et sur un autre registre, imposé pour la deuxième fois le crédit à la consommation au «profit» des travailleurs afin de leur permettre d’acheter des produits dont le taux d’intégration nationale ne dépasse pas 15% au prix d’un endettement qu’ils auront à rembourser malgré un pouvoir d’achat laminé, l’essentiel étant de fouetter le carnet de commandes des patrons.
Les fonds des œuvres sociales et des mutuelles, devant l’absence de contrôle par l’Etat et surtout par les travailleurs, sont détournés de leur vocation et ces œuvres se sont transformées en véritable fonds de commerce et politique. Sinon, comment expliquer qu’au moment où on impose l’austérité au pauvre peuple, entre 30% et 60% de ces fonds représentant des dizaines de milliards de dinars sont dépensés pour des voyages à l’étranger et surtout en omras, enrichissant au passage l’Arabie Saoudite responsable de l’effondrement des prix du pétrole. Ces voyages ont permis à certains privilégiés de bénéficier (eux et leurs familles) en l’espace de quelques années de 20, 30 voire de 40 omras aux frais de la princesse sans parler des missions de prospection bidons.
Certains syndicalistes d’entreprises de renom poussant le culot jusqu’à arrêter des critères qui permettent à un «travailleur» polygame (vous devinez qu’il s’agit de ces syndicalistes eux-mêmes) de bénéficier lui et ses deux femmes de trois subventions omra complètes au frais des œuvres sociales (critère formalisé par PV). Et voilà que les «maquignons» se mettent de la partie en voulant absorber, grâce au mouton de l’Aïd, une partie des fonds des œuvres sociales au détriment des actions d’assistance sociale et sanitaire et de solidarité qui sont la véritable vocation des œuvres sociales.
A quand des conventions des œuvres sociales avec Belahmar et Cie pour des «actions» de roquia puisqu’il y a des députés qui proposent déjà d’amender la loi sur la sécurité sociale afin de permettre leur remboursement par la Cnas ?
N. B.
Comment (4)