L’ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou fait des révélations sur les dessous de son limogeage en 2005
L’ancien ministre des Finances, le professeur Abdelatif Benachenhou, s’est attaqué, lors de l’université d’été du FCE, qui s’est déroulée du 28 au 30 septembre, à ceux qui l’ont éjecté de l’Exécutif en mai 2005. Le Pr Abdelatif Benachenhou a lié son «limogeage» du poste de premier argentier du pays à la politique qu’il avait tenté de mettre en œuvre et qui avait rencontré des résistances. Usant de son habituel ton incisif, Benachenhou a implicitement attribué la responsabilité de la crise actuelle à ses détracteurs de l’époque, qui auraient bloqué les réformes pour des «raisons idéologiques». L’invité du FCE a souligné que la rente pétrolière de l’Etat, les entreprises et les ménages n’ont pas adhéré aux réformes, car ils «étaient soulagés de toute contrainte budgétaire». «J’ai essayé d’imposer une contrainte budgétaire mais j’ai failli être lynché», a-t-il regretté.
Il a rappelé qu’il avait notamment essayé d’imposer une augmentation du prix du carburant mais que celle-ci avait été rejetée afin de ne pas susciter une fronde sociale. Il a indiqué, par ailleurs, qu’il avait projeté de réorganiser totalement le secteur public marchand pour plus de compétitivité et de performance et que les entreprises publiques soient réellement autonomes et ne soient pas dépendantes du budget de l’Etat. Cette démarche s’est heurtée «aux manipulations des politiques qui étaient assis sur le secteur public», a-t-il lancé, amer, devant une assistance médusée.
L’ancien ministre des Finances s’est longuement penché sur la très controversée loi sur les hydrocarbures promulguée en 2005, dont la première mouture, jugée trop libérale, avait été abandonnée suite aux nombreuses critiques qu’elle avait suscitées. «On a remis en cause la loi de 2005 pour des raisons idéologiques», a soutenu Benachenhou, qui a assuré que le texte réglementaire qu’il avait élaboré initialement aurait permis d’attirer les investissements dans le secteur de l’énergie et lui aurait évité la morosité qui le frappe aujourd’hui. Pour Benachenhou, il est indéniable que le manque à gagner est incommensurable pour l’Algérie. «Personne ne donne les démonstrations techniques que la loi de 2005 était contre l’intérêt de l’Algérie. Ils se sont empressés d’écouter Hugo Chavez (le défunt président du Venezuela, ndlr) et on voit aujourd’hui où en est ce pays», a-t-il ironisé.
Abdelatif Benachenhou, qui était en poste dans les gouvernements d’Ahmed Benbitour et Ahmed Ouyahia, a réglé ses comptes avec ceux qui l’avaient poussé vers la porte de sortie en jugeant ses choix stratégiques trop libéraux. Benachenhou a toutefois ménagé le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qu’il n’a pas cité, même implicitement.
Hani Abdi
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