Comment l’Algérie finance la propagande en faveur du «Sahara marocain» à l’IMA
A travers la maison d’édition française Le bonhomme de chemin, spécialisée dans les livres pour enfants, le Makhzen bénéficie pratiquement du financement offert par l’Institut du monde arabe (IMA) pour diffuser sa propagande visant à légitimer l’occupation coloniale du Sahara Occidental, comme le montrent nombre d’ouvrages publiés par cette maison d’édition sur le Maroc. Les textes et les cartes des livres consacrés au royaume édités par cette maison d’édition avec l’aide de l’IMA, incluent le territoire du Sahara Occidental dans le Maroc comme s’il lui appartenait alors que pour l’ONU, c’est un territoire non autonome, à décoloniser. L’institut est lui-même financé par les Etats arabes dont l’Algérie qui se retrouve donc, de ce fait, dans la position de bailleur de fonds de la propagande sur la «marocanité» du Sahara Occidental, ce qui est contraire aux efforts de notre pays visant à la décolonisation de ce territoire.
Grâce, en partie, à l’argent de l’Algérie, le Maroc est en mesure de placer ses livres sur le «Sahara marocain» dans la librairie de l’IMA et dans toutes les bibliothèques communales de France. On comprend cette situation incongrue quand on sait que depuis trois ans, c’est l’ancien ministre français de la Culture, Jack Lang, qui dirige l’IMA à Paris. Il est connu pour être un des amis du roi. On raconte que depuis son arrivée, l’IMA a toujours affiché sa préférence pour la «cuisine» marocaine. Ainsi, Jack Lang a exigé des gérants du restaurant libanais Zyriab, situé à l’IMA, qu’ils rajoutent des plats marocains. «Il nous a obligés à ajouter à notre carte des plats marocains, notamment des tajines, des pastillas, ainsi que des douceurs de ce pays, depuis janvier 2014 exactement», rapporte le journal libanais L’Orient-Le-Jour citant le directeur du restaurant Zyriab de l’IMA.
Avec Jack Lang à sa tête, il y a une «propension de l’IMA à privilégier l’actualité culturelle et littéraire marocaine et saoudienne au détriment des autres pays». Dès sa nomination, il s’était rendu, le 31 décembre 2013 (comme par hasard, la soirée du Réveillon !), à Marrakech, pour préparer l’événement «pluridisciplinaire consacré à la création marocaine contemporaine», qui était prévu à l’IMA à l’automne 2014.
Si les privilèges accordés au Maroc se limitaient à la gastronomie et aux «douceurs» de ce pays, Jack Lang, même en tant que président de l’IMA, est libre de donner la priorité à ses penchants. Mais, s’agissant de questions aussi sérieuses que les relations internationales et surtout un conflit lié à la décolonisation du Sahara Occidental, il est tenu de respecter non seulement la stricte neutralité de cette institution, mais aussi les résolutions de l’ONU.
S’il ignore ces réalités, il n’est pas trop tard pour Jack Lang ; il peut prendre connaissance du texte fraîchement adopté par la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU ce 10 octobre 2016, qui «réaffirme la doctrine de l’ONU sur la cause du peuple sahraoui, en tant que question de décolonisation de la dernière colonie en Afrique». Le texte réaffirme le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) de décembre 1960.
En attendant, il serait légitime aux Algériens de s’abstenir de financer une institution qui sert à diffuser une propagande hostile à notre pays.
Houari Achouri
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