Où va le FLN ?
Par R. Mahmoudi – Depuis la fin du parti unique, le FLN n’a jamais, à ce jour, réussi à se stabiliser, à avoir une direction légitime et incontestée, alors que, paradoxalement, il «rafle» à chaque fois toutes les élections. Avec ces tiraillements qui n’en finissent pas et une guerre de positions qui mine toute la vie politique du pays, on a l’impression que ce parti en sort, plutôt, revigoré. Cela a été vérifié au lendemain de la guerre déclarée successivement à Abdelhamid Mehri, Boualem Benhamouda, Ali Benflis et, enfin, Abdelaziz Belkhadem. Le même phénomène est en train de se reproduire avec l’actuel secrétaire général, avec, il est vrai, une mise en scène tout à fait originale. Saïdani peut être demain dégommé – il a d’ailleurs trop sévi –, mais cela va-t-il changer quelque chose au système qui régente ce parti-Etat ?
Les traditionnelles passes d’armes entre «redresseurs» et «loyalistes», qui changent de camp au gré des allégeances, sont devenues, en effet, le viatique qui maintient en vie un parti qui n’a plus aucune raison d’être. Cela dit, ce qui est regrettable dans cette lente dérive du FLN, c’est qu’elle donne une très mauvaise image de la transition démocratique que notre classe politique, en général, prétend être en mesure de concrétiser sur le terrain.
Plus grave encore, le discrédit qui frappe actuellement le parti majoritaire ne peut que profiter aux islamistes qui, plus prédateurs que jamais, sont en train d’affûter leurs armes et ne désespèrent pas de «conquérir» un jour le pouvoir, soit par la rue, soit par le biais d’un marchandage à la marocaine avec le pouvoir en place.
C’est vraiment affligeant de constater qu’un parti comme le FLN – avec toute son histoire et ses ressorts internes – se trouve incapable d’imaginer une issue durable à une crise d’ordre organique, lorsqu’il lui est demandé de conduire le train de réformes tant chantées par les thuriféraires du président de la République, qui est aussi officiellement président du FLN, et de faire ainsi barrage aux fossoyeurs de la République et de la nation.
R. M.
Comment (12)
Les commentaires sont fermés.