La fin des Ibn Saoud est proche
Par Mohamed Benallal – La présentation de la nouvelle conception de la réforme économique en Arabie Saoudite pourrait avoir une incidence sur la région du Moyen-Orient déjà en ébullition, ainsi que dans un contexte intérieur du royaume des Ibn Saoud. Une chute à venir du prix du pétrole en deçà de 50 dollars créera manifestement une crise financière sans précèdent en Arabie Saoudite. Une telle situation forcera le gouvernement à revoir sa copie budgétaire pour lui permettre d’annoncer un plan d’austérité qui serait suivi par une diversification de son économie. C’est un appel aux boys de Chicago, un genre de SOS, étant donné que la seule et unique solution pour sortir de cette crise, reste le FMI avec sa recette économique et financière qui matera toute dépense sociale.
Par ailleurs, les Ibn Saoud ont décidé au grand dam des pèlerins, de tirer des avantages directs de son monopole sur les Lieux Saints de l’islam, en imposant une charge importante de 2 000 riyals sur les visas du hadj et de l’omra.
Une lecture objective et même subjective sur ces prétendues réformes nous permet de constater que les émirs saoudiens sont responsables de leur propre chute. Le journal britannique The Observer donne la nuance suivante à propos des Ibn Saoud : «(…) D’autant plus qu’il est incapable de se libérer de sa dépendance envers ses richesses pétrolières, sans compter que beaucoup d’obstacles empêchent la mise en œuvre de la vision 2030».
L’Arabie Saoudite est une théocratie (wahhabisme) qui a puisé son pouvoir via un contrat social historique à travers lequel le gouvernement fournit des droits économiques généreux au détriment des libertés civiles. Cela se traduit par un système de sécurité sociale général accompagnant le soi-disant «citoyen» saoudien depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Cependant, suite à l’esprit des nouvelles réformes économiques, le trône du royaume risque de voir naître d’autres forces sociales néfastes qui ne correspondent pas à leur système de gouvernance. Déjà, le gouvernement commence à penser à réduire les subventions sur beaucoup de produits de large consommation, l’essence, l’électricité et l’eau, outre le non-paiement des salaires. Provoquant manifestement la colère populaire, le gouvernement envisage dans le proche avenir l’application d’une réduction progressive de l’emploi dans le secteur public, ainsi qu’un vaste programme de privatisation des institutions publiques. Ce sont, là, les prémices de la recette du FMI dévastateur.
L’image de l’Arabie Saoudite intervenant au Bahreïn où ses chars ont occupé les rues de Manama pour écraser les manifestations pendant le «printemps arabe» de 2011, est toujours vivace. Son implication dans la guerre du Yémen en cours et le génocide commis sur le peuple yéménite ainsi qu’une désinformation extraordinaire assurée par des médias aux ordres, aussi.
C’est un grand risque qui se produit dans ce pays. Les problèmes financiers internes sont les premiers indices de la menace politique qui y plane. Les pays pourvoyeurs de main-d’œuvre sont également confrontés à des menaces internes graves induites par la grave crise saoudienne. L’Arabie Saoudite accueille des millions d’expatriés venus de Syrie, de Jordanie d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, d’Egypte, des Philippines… Aujourd’hui, la demande en travailleurs étrangers en Arabie Saoudite a diminué considérablement en raison de l’austérité économique et de la crise économique. Une partie de cette main-d’œuvre a été expulsée. Cette baisse de la demande pour les travailleurs étrangers sur le marché saoudien menacera le transfert de devises vers ces pays dont l’économie dépend du travail de leurs ressortissants à l’étranger.
L’Egypte est le pays le plus touché, car plus d’un million d’Egyptiens vivent en Arabie Saoudite et transfèrent leurs revenus à leur famille restée en Egypte. Le transfert de revenus est une source importante de réserves en devises pour ce pays et, par conséquent, si l’Arabie Saoudite réduit sa demande en main-d’œuvre égyptienne, cela constituerait une menace grave pour l’ensemble de l’économie égyptienne.
M. B.
Ancien cadre de l’Etat
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