Djemâa Djoghlal, femme de conviction
Par Saddok Kebaïri – Nous avons appris ce jour, le 15 novembre 2016, le décès de Mme Djemâa Djoghlal à l’hôpital parisien Georges-Pompidou. De formation universitaire en sociologie, Mme Djemâa Djoghlal était une grande figure du féminisme algérien et un symbole incontournable du militantisme culturel dans les Aurès.
Native de Khenchela et cousine du chahid Abbas Laghrour, elle a quitté l’Algérie à l’âge de 5 ans pour rejoindre son père en France où il était militant très actif au sein du FLN. Sociologue de formation, Mme Djoghlal a été militante pendant 5 ans au RCD section France, avant de le quitter. Elle a consacré 25 ans de sa vie à collecter des archives sur l’histoire d’Algérie et le patrimoine culturel des Aurès et la mémoire amazighe de l’Afrique du Nord. En 2012, elle a fait don de 2 000 livres de son fonds documentaire et de celui d’Ammar Nagadi à l’Université de Batna. En 2016, elle a associé l’Université de Khenchela et le Centre national des archives pour le reste du fonds et de ce qu’elle a pu constituer entre 2012 et 2016.
Ces dons y compris celui de l’Université de Batna n’ont pu malheureusement être acheminés de son vivant, mais, actuellement, ils sont en bonne voie d’acheminement en collaboration avec l’ambassade d’Algérie à Paris et les trois institutions destinatrices. Plusieurs chercheurs, doctorants et étudiants algériens et étrangers ont pris domicile chez elle pour consulter sa bibliothèque pour réaliser leurs thèses. Elle était une grande intellectuelle et relectrice sur des sujets qui traitaient de l’histoire d’Algérie, des Aurès et de l’Afrique du Nord en général. Elle a à son actif plusieurs contributions dans la presse nationale.
Elle a participé dans la sélection avec Germaine Tillon des photos du livre Algérie aurésienne que cette dernière a publié. Le titre était une proposition de Mme Djemâa Djoghlal. Le titre de ce livre est en soi un rappel et un appel à la mémoire des Aurès et de l’Algérie numidienne. L’année dernière, elle a ouvert sa bibliothèque aux animateurs du site de la bibliothèque numérique amazighe http://www.asadlis-amazigh.com qui ont pu numériser 200 ouvrages, dont certains sont très rares et mis en ligne en accès libre.
Femme de conviction, Mme Djemâa Djoghlal a toujours défendu ses idées sans aucune concession. Sa disparition est une grande perte pour les Aurès et pour l’Algérie. Le corps de la défunte sera inhumé chez elle à Khenchela, probablement ce samedi 19 novembre.
S. K.
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